La Cour d’appel de Port-au-Prince a rendu ce lundi 13 octobre 2025, un arrêt majeur dans l’affaire de l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse, tué dans sa résidence de Pèlerin 5 dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.
Dans sa décision, la Cour, présidée par le juge Emmanuel Lacroix, a annulé l’ordonnance du magistrat instructeur Walther Wesser Voltaire du 25 janvier 2024. Elle a désigné le juge Denis Cyprien pour assurer la nouvelle instruction de l’affaire, tant sur la forme que sur le fond.
Rappelons que l’ordonnance initiale avait inculpé plus de cinquante personnes, dont des proches de l’ancien président : sa veuve Martine Moïse, l’ancien Premier ministre Claude Joseph, l’ex-responsable de la Police nationale Léon Charles, ainsi que d’autres figures politiques et militaires. La Cour a néanmoins confirmé la détention des personnes déjà emprisonnées.
Toutes les parties avaient interjeté appel, y compris les dix-sept anciens soldats colombiens accusés. Seul Joverlein Moïse, fils du président assassiné, s’était constitué partie civile. La Cour a donné suite au réquisitoire du parquet sollicitant une entraide judiciaire avec les États-Unis et le Canada pour auditionner plusieurs responsables et témoins, dont Martine Moïse, Joverlein Moïse, Léon Charles et l’actuel Premier ministre Ariel Henry.
Si aux États-Unis plusieurs suspects extradés ont plaidé coupables, en Haïti, aucun des inculpés n’a reconnu sa responsabilité entre décembre 2024 et juillet 2025. Parmi eux figurent les Colombiens, qui affirment avoir été engagés par une société de sécurité basée à Miami pour protéger une centrale électrique.
Aux États-Unis, onze suspects extradés ont été inculpés : cinq ont déjà reconnu leur culpabilité et cinq autres attendent leur procès, désormais prévu pour mars 2026.
L’assassinat de Jovenel Moïse, survenu le 7 juillet 2021 alors qu’il avait 53 ans, reste au cœur d’une enquête complexe, freinée par la violence des gangs, les lenteurs judiciaires et les menaces contre les acteurs du dossier.