Cette semaine, Haïti s’est encore retrouvée prisonnière d’un spectacle où le grotesque concurrence le tragique, un épisode si mal ficelé qu’il semblerait extrait des coulisses poussiéreuses d’un théâtre de seconde zone. Au centre de cette mascarade : l’un des illustres membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), soudain pris d’un besoin irrépressible de se donner en spectacle, comme si la misère du pays devait servir de décor à son narcissisme effréné.
Au lieu de débattre de l’essentiel, ces messieurs s’enlisent dans des disputes stériles, agitant leurs petits griefs comme si la nation était un jouet qu’ils peuvent casser impunément. Leur mandat, pourtant circonscrit et clair, est devenu un chiffon qu’ils piétinent à leur guise. Ils cherchent même à renverser leur propre Premier ministre de facto, comme si leurs mains, tachées de leurs propres compromissions, pouvaient incarner une vertu quelconque. En créole, la vérité claque : « yon sis kap joure yon nèf… kijan li fè kwòchi ? »
Mais le summum du ridicule ne s’arrête pas là. L’intéressé, sentant son monde vaciller, se proclame soudain guerrier prêt à “lutter jusqu’au bout”, tout en sanglotant parce que son visa ce sésame sacré lui a été retiré par celui qui tirait les ficelles de son ascension. Voilà donc un prétendu défenseur de la nation, dont l’allégeance première n’a jamais été envers Haïti mais envers un bureau étranger. Quel serment ? Quelle mission ? Leur rôle était d’organiser des élections ; ils n’ont organisé que l’extension de leurs privilèges. Le peuple, une fois encore, n’a été qu’un figurant muet dans leur théâtre d’ombres.
Et lorsque son patron lui murmure simplement qu’il serait temps de rester dans son pays injonction qui aurait dû relever de l’évidence le voilà qui se désagrège publiquement, déversailles de confidences, de rancœurs et de secrets d’alcôves étalés sur les réseaux sociaux. Geste d’un mauvais perdant, d’un homme nu, cherchant dans le brouhaha virtuel la compassion d’un peuple qu’il n’a jamais daigné regarder autrement qu’en obstacle ou en décor.
Qu’a-t-il jamais fait pour Haïti ? Même pas le geste hypocrite dont certains savent se contenter. Aujourd’hui pourtant, il clame au secours, espérant que ce même peuple viendra sauver le restant de fierté qu’il prétend posséder.
Qu’ils cessent de nous prendre pour des êtres façonnés à leur image. Nous ne sommes ni naïfs, ni malléables, ni prisonniers de leurs illusions de grandeur. Nous sommes un peuple debout, indocile, rompu aux trahisons mais jamais dompté. Et pendant qu’ils s’agitent, trébuchent et s’effondrent dans le précipice qu’ils ont eux-mêmes excavé, nous continuons, malgré tout, d’avancer, avec une dignité que ces funambules du pouvoir n’ont jamais comprise, et ne comprendront sans doute jamais…
Haiti tiens toi droit, tu as encore des fils et des filles qui ont leur dignité
Isha, Fille d’Haïti
2 décembre 2025


