mercredi, mai 14

Chaque année, pendant que le pays vacille entre tensions et incertitudes, Jacmel, elle, tient debout. Le 1er mai, la ville s’embrase d’une lumière particulière. Ce n’est pas seulement la fête de Saint Jacques et Saint Philippe, patrons de la cité. C’est une célébration plus vaste, plus ancienne, presque instinctive. Une mémoire collective qui se réveille, un élan profond qui ramène la vie dans les rues, les places et les regards.

À Jacmel, la fête patronale n’est pas un simple rendez-vous sur le calendrier. Elle est ancrée dans les murs, dans le rythme des tambours, dans les couleurs des tissus flottants au vent. Elle est une manière de résister autrement : par la beauté, la joie, la création. Cette année encore, malgré les difficultés multiples qui pèsent sur la société haïtienne, la ville a montré qu’elle restait fidèle à son identité.

La foire organisée par l’Université Notre-Dame d’Haïti (UNDH) en a été une parfaite illustration. Avec une coordination minutieuse et une vision large, elle a transformé la ville en un espace de découvertes. Les visiteurs ont pu parcourir les stands où s’exposaient les trésors gastronomiques et artisanaux du Sud-Est : mets aux saveurs profondes, objets faits main racontant l’histoire d’un territoire riche en talent et en héritage.

Au-delà de l’aspect commercial ou touristique, c’est toute une culture qui s’est révélée. Les jeux traditionnels, les prestations artistiques, les animations musicales ont redonné à Jacmel cette ambiance unique qui la distingue de toutes les autres villes du pays. Ici, la fête a une âme. Elle parle sans discours, elle enseigne sans leçon. Elle transmet, simplement, par la force de l’expérience partagée.

Jacmel ne cherche pas à imiter. Elle affirme. Elle montre, année après année, qu’elle est la référence en matière de fête patronale. Une référence non pas imposée, mais naturellement acceptée, comme une évidence. Son architecture, sa mer, ses artistes, son peuple, tout concourt à faire du 1er mai un moment d’exception, une pause dans le tumulte, une respiration nécessaire.

Alors que d’autres régions peinent à maintenir leurs traditions vivantes, Jacmel se dresse comme un pilier. Elle porte haut la flamme d’un pays souvent étouffé par ses propres luttes, et rappelle que la culture, loin d’être un luxe, est une nécessité vitale.

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