Il y a des fondations qui naissent pour remplir une case administrative, et il y en a d’autres qui émergent dans le silence d’un profond amour pour leur peuple, avec une volonté farouche de changer le cours des choses. La Fondation Séphora Moron fait partie de ces rares structures qui agissent, qui s’engagent sans tambour ni trompette, mais dont l’impact résonne dans les cœurs de ceux qu’elle touche. Créée le 7 juin 2020, en pleine période d’incertitude mondiale, elle s’est imposée comme une voix douce mais déterminée dans le tumulte haïtien. Une voix qui parle d’amour, d’espoir, de paix.
Dans un pays où l’instabilité est souvent la norme, où l’injustice s’invite dans le quotidien des plus fragiles, la Fondation Séphora Moron a choisi de s’attaquer aux racines mêmes du désespoir. Plutôt que de s’apitoyer ou de simplement observer, elle s’est levée avec l’intime conviction que tout n’était pas perdu, que l’humain devait rester au centre des préoccupations. Elle n’a pas attendu que les grandes institutions internationales interviennent. Elle a compris que la vraie transformation commence à petite échelle, dans les quartiers oubliés, dans les écoles délabrées, dans les regards fatigués des mères épuisées et dans les mains vides des enfants sans cartable.
Son slogan, « Amour, Espoir et Paix », n’est pas une formule creuse. C’est une philosophie, une ligne de conduite, un engagement profond. Il ne s’agit pas seulement de parler de paix, mais de la vivre, de la proposer comme alternative à une société trop souvent déchirée par la haine et la vengeance. Il ne s’agit pas de promettre un futur meilleur, mais de le construire par l’action, par l’éducation, par la culture du bien-être social.
C’est dans cet esprit qu’ont été organisées plusieurs marches pour la paix. Pas pour faire de belles photos, mais pour dénoncer le silence qui entoure la violence. Trop peu de gens veulent la paix, disait-on dans les rangs de la fondation. Alors il fallait se lever, marcher, chanter même. Et c’est ainsi qu’est née une chanson : « Ann fè lapè ansanm ». Une œuvre chargée d’émotion, un chant qui porte la mémoire de ceux qui ne sont plus là. Des journalistes, des citoyens ordinaires, et même le président Jovenel Moïse, tombés dans la spirale infernale d’une violence devenue presque banale. La chanson n’est pas seulement un hommage, elle est un cri, une prière, un appel à la conscience collective.
Mais la paix ne peut être durable sans éducation. Et c’est là un autre pilier fondamental de la mission de la fondation. Car éduquer, c’est semer pour demain. C’est donner à un enfant les outils pour rêver au-delà des frontières de la misère. Dans cette logique, un gala international a été lancé, en dehors des frontières, pour mobiliser la diaspora et toutes les bonnes volontés sensibles à la cause haïtienne. L’idée n’est pas de charmer les donateurs, mais de leur faire voir la réalité : des milliers d’enfants en Haïti ne peuvent pas aller à l’école. Ils sont privés de ce droit fondamental, pas par choix, mais par la pauvreté, par la négligence d’un système qui les exclut.
C’est aussi dans cette même dynamique que des concours d’écriture ont été organisés. Car au-delà des bancs d’école, les jeunes doivent pouvoir s’exprimer, dire ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent, ce qu’ils espèrent. Deux éditions ont déjà vu le jour, avec des lauréats comme Claudia Petit-Jean et Evens Moïse. Mais ce n’est pas seulement à travers ces noms qu’il faut lire le succès de l’initiative. C’est dans chaque texte soumis, chaque mot griffonné avec sincérité, chaque idée partagée avec passion, que réside la force de ce projet. Car encourager un jeune à écrire, c’est lui dire qu’il a une voix, et que cette voix compte.