Ces derniers jours, la capitale haïtienne est le théâtre d’une série d’assauts d’une ampleur inédite, marquant une escalade significative dans la lutte contre les groupes armés qui sévissent depuis des années dans la ville. Plusieurs quartiers considérés comme des bastions de figures notoires du banditisme ont été visés par des actions coordonnées mêlant haute technologie et interventions policières.
À Village-de-Dieu, connu pour être sous la coupe du redouté chef de gang Izo, une frappe d’une rare précision a été signalée en début de semaine. Des drones dits « kamikazes » auraient été employés pour atteindre des cibles stratégiques. L’un des engins a notamment visé un véhicule soupçonné de transporter Izo lui-même. Si le mystère plane encore sur sa situation exacte, plusieurs de ses proches ont été mortellement touchés ou sérieusement blessés, selon des confidences provenant de sources policières. Les lieux ont également subi d’importants dommages, signe de la violence de l’attaque.
Un peu plus tôt, dans la zone de Tabarre-Torcelles, une offensive du même genre avait été menée contre le campement du groupe dirigé par Vitelhomme Innocent, figure centrale du gang Kraze Barye. Les tirs ont anéanti plusieurs structures utilisées par ses hommes. D’après les forces de l’ordre, le chef aurait échappé de peu à la mort. Un péristil utilisé par le gang a été investi dans la foulée ; les autorités y ont saisi divers objets de nature rituelle.
Ces manœuvres font écho à une nouvelle phase dans les tactiques utilisées contre les groupes armés. Les drones kamikazes, initialement introduits par une Task Force rattachée à la Primature, avaient suscité de vives polémiques à leur apparition. Aujourd’hui, force est de constater que leur usage semble désormais mieux intégré, en appui à des opérations menées par la Police nationale d’Haïti.
Malgré cela, de nombreuses zones d’ombre entourent encore la nature exacte de la coordination entre les sphères politiques et les unités de sécurité. S’agit-il d’un partenariat discret entre différents pôles de l’État, ou simplement d’une convergence d’intérêts dans un contexte d’urgence ? Aucune annonce officielle n’a encore levé le voile sur les termes de cette coopération.
Ce qui demeure toutefois constant, c’est l’aspiration de la population : celle de retrouver un semblant de vie normale. Après tant d’années de chaos et d’insécurité, l’espoir de voir poindre un changement tangible renaît doucement, au rythme de ces opérations qui, pour la première fois depuis longtemps, semblent déstabiliser les réseaux armés là où ils se croyaient intouchables.