Dans un article paru dans le New York Times du 28 Mai 2025, il est traité du cas d’une Haiti désespérée se tournant vers la Mercenarité pour tout recours en vue d’arriver à bout, selon les autorités Haïtiennes, des gangs armés qui sèment le deuil et la désolation dans les familles en Haiti.
En effet, l’équipe exécutive a passé un contrat, dont on ignore encore la date exacte et le coût, avec le fondateur du Blackwater, une Société Militaire Privée ( SMP) américaine ou encore une compagnie de mercenaires.
Jetons un bref coup d’oeil sur le Mercenariat et son histoire.
Depuis les temps immémoriaux, les responsables politiques de certaines régions du monde, ou même des opposants politiques voulant parvenir au pouvoir ou y retourner après être détrônés, ce qui constitue des défis majeurs, étaient contraints d’engager les services des mercenaires pour mener des combats de grande envergure. La raison en était simple: insuffisance d’hommes, de bras armés devant les aider à faire face à des opposants de taille, ou à gagner une guerre déjà engagée.
Les armées grecques et romaines antiques ont encouragé cette pratique en engageant des hommes provenant des endroits pauvres aux fins de garnir leurs troupes. Au Moyen-Age, les Suisses et les Ecossais étant de vaillants Militaires ont été recrutés partout dans des conflicts armés par les Princes qui pouvaient mieux les payer.
LE MOT DU DROIT INTERNATIONAL
Le droit international ne définit pas de manière uniforme le Mercenariat. Cependant, la Convention internationale du 4 décembre 1989 adoptée par l’Assemblée Générale de l’ONU s’érige contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires.
Il définit un mercenaire comme une personne qui est recrutée pour combattre dans un conflit armé, ou qui est motivée par le désir de gain personnel : l’ argent ou toute autre forme de richesse. Elle n’est pas un ressortissant de l’État partie au conflit, ni n’est non plus membre des forces armées des États parties au conflit.
En fait de responsabilité, les mercenaires peuvent être tenus responsables pour leurs actes en vertu du droit International Humanitaire et du Droit Pénal International. Les États qui les emploient ou les soutiennent peuvent également être tenus responsables.
Au regard des Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels, les mercenaires doivent respecter les principes de distinction et de proportionnalité, et ne pas attaquer des civils ou des biens civils.
LA DANGEROSITE DU MERCENARIAT
Le Mercenariat s’était toujours révélé une entreprise très dangereuse parce qu’elle est incertaine, aléatoire en plus d’être budgétivore. Nicholas de Machiavel nous prévenait déjà contre l’utlisation des mercenaires en leur préférant des armées nationales bien préparées et parées de l’amour patriotique.
Les Etats qui les engagent doivent s’attendre au revers de cette activité. Ce sont des soldats de fortune:
Premièrement, Les mercenaires ne sont pas astreints aux résultats. Ils sont là seulement pour livrer bataille dans la mesure de leur possibilité. Si le rapport de force leur est défavorable, ils peuvent tout simplement se replier et faire place nette des fronts occupés. Dans la Guerre franco-Italienne de 1495, les mercenaires italiens ont fui devant Les troupes françaises.
Deuxièmement, Ils ne sont pas tenus d’être fidèles à l’Etat qui les engage. S’ils trouvent mieux au camp d’en face, ils peuvent tout simplement changer leurs fusils d’épaule. Histoire de vous dire qu’ils n’ont pas d’état d’âme, encore moins, de conviction.
On a pour preuve les condottieri italiens qui étaient d’intraitables chiens de Guerre. Ils changent de camp au profit de qui dit mieux. Selon Nicholas de Machiavel, ils ont été employés pour se battre. Mais se sont retournés contre leurs employeurs.
A ce stade, l’Etat contractant ne peut que souffrir la volte-face s’il ne dispose pas de moyen de réplique ou n’entend pas ouvrir un autre front.
En 2023, lors de l’Opération Militaire Spéciale aux dires du Président PUTIN contre les Ukrainiens, Evgueni Prigojine le patron de Wagner, qui s’était engagé aux côté des Russes, a tourné sa veste en juin dans le cadre d’une rebellion contre la Russie. Il est mort dans le crash d’un avion le 23 août 2023, à Koujenkino. Le monde international y voit la main de l’homme fort russe, le Président Vladimir PUTIN. Cet homme d’Etat présageait les désastreuses conséquences d’un tel virement.
Qu’en est-il d’Haïti avec cette décision de payer les services de Blackwater?
Le Président Jovenel MOISE a perdu la vie dans une confusion totale que personne ne peut ou ne veut élucider jusqu’à présent avec l’implication de mercenaires Colombiens. Aujourd’hui encore, le CPT qui a toujours fait face au deficit de crédibilité, a cru bon d’engager les hommes et les armes d’une Société Militaire Privée (SMP) pour chasser les gangs armés.
Un dilemme juridique fondamental se pose dans ce choix. La Constitution Haïtienne prévoit deux forces de sécurité : Les Forces Armées d’Haiti et la Police Nationale d’Haiti.
Ces forces, contrairement à celles qui viendraient de l’extérieur, doivent jurer loyauté et fidélité à la nation. Elles ont intérêt à défendre leur terroir si elles sont mises en état à cette fin.
Faisant face à cette absence d’une réelle volonté politique, les forces armées d’Haiti qui ne sont qu’un embryon depuis leur remise en place par le Président MOISE et la force de police sont vouées à elles-mêmes. Elles sont dépourvues de moyens et d’effectifs, donc sans motivation.
D’un autre côté, les politiciens de tout acabit entretiennent des relations très étroites avec les gangs. Ce qui contribut à désorienter les loyaux Militaires et Policiers
Qu’est-ce qui peut motiver un tel choix de la part du CPT ? La raison en est simple. Cette scandaleuse structure à neuf cornes entend se maintenir au pouvoir à tout prix. N’ayant aucun plan sérieux pour l’émergence d’Haiti, ils entendent l’enfoncer dans la crevasse tout préservant leurs petits intérêts mesquins.
Les neuf membres du CPT font la honte de la nation. S’ils étaient sérieux, ils feraient en sorte qu’ils renvoient les Kenyans chez eux pour inefficacité flagrante, renforceraient la Police et l’Armée d’Haiti par de fréquents recrutements et rigoureux entrainements.
Aujourd’hui, pour s’octroyer une certaine légitimité, ils planifient de manière exécrable de jouer la carte de la Mercenarité et engagent le sieur Eric PRINCE du Blackwater comme pour se renforcer puisque ce dernier, dit-on, est un fidèle allié du Président Donald TRUMP.
C’est peut-être là aussi la stratégie des membres du CPT tendant à s’attirer l’empathie de l’administration américaine qui désavoue leur inefficacité dans l’alarmante tourmente socio-politique que connaît notre pays aujourd’hui. Nous pensons que le Président des USA doit voir la situation haïtienne différemment.
ÉTAT DES LIEUX AU REGARD DE L’HISTOIRE
Nicholas de Machiavel, dans le chapitre 12eme de « Le Prince », écrit : « Les mercenaires et les troupes auxiliaires sont inutiles et dangereuses ; et si l’on maintient son État sur la base des armes étrangères, on ne sera jamais ni stable ni sûr ; car elles sont désunies, ambitieuses, sans discipline, infidèles ; vaillantes devant les amis, lâches devant les ennemis ; elles n’ont point de crainte de Dieu, ni de foi avec les hommes ».
Machiavel estime que les mercenaires sont motivés par l’argent et ne sont pas fidèles au prince, ce qui les rend dangereux pour la stabilité de l’État. Il recommande donc aux États de créer une armée nationale composée de citoyens loyaux et motivés pour défendre leur pays.
Autrement dit, le CTP qui constitue une horde de mercenaires n’engagent que leurs pairs.
Les Haitiens commencent par se réveiller: ils s’organisent ça et là. Dans la diapora, Ils viennent tout juste de tenir une table ronde en ligne avec de fortes personnalités constituant les forces vives de la nation. Par le biais du GCIH, le Groupe de Contact International Pour Haiti, mené par l’éminent Professeur Jean Sénat FLEURY et Consorts, ils prônent le retour à l’ordre constitutionnel avec le choix d’un Juge à la Cour de Cassation de la République d’Haïti qui organisera entre autres des élections crédibles dans le pays.
C’est la marche à suivre naturelle aujourd’hui pour commencer par sortir Haiti de la tourmente.
Antoine O VILAIRE,
Ex-Juge et Juge d’Instruction
TPI de Jérémie.
vilaire1@yahoo.fr