En moins d’une journée, le nouveau clip « Oh Mezanmi » de Trouble Boy Hitmaker s’impose sur YouTube avec plus de 52 000 vues. L’artiste y aborde, sans filtre ni fioriture, une réalité que beaucoup préfèrent taire : la désillusion amère de l’expérience migratoire haïtienne aux États-Unis.
En 2 minutes et 43 secondes, Trouble Boy brosse un portrait sans complaisance des difficultés vécues par ceux qui, attirés par l’illusion d’un avenir meilleur, quittent Haïti avec espoir mais se retrouvent rapidement confrontés à une autre forme de précarité. Le refrain, « Amerika pa dous », sonne comme un verdict, une prise de conscience douloureuse que le rêve vendu ne tient souvent pas ses promesses.
L’exemple d’un migrant qui, en Haïti, avait les moyens d’un certain confort – plusieurs voitures à son nom – et qui se retrouve, une fois sur le sol américain, dépendant d’un service de transport Uber, cristallise ce renversement brutal de statut. À travers cette image, Trouble Boy met en lumière la chute sociale que peuvent vivre nombre de compatriotes une fois à l’étranger.
Mais c’est peut-être une autre scène, bien plus dérangeante encore, qui marque les esprits : lorsqu’un chauffeur d’Uber lance, sans détour, la question suivante : « Est-ce vous qui avez tué votre président ? » En une phrase, le clip capture tout le poids du regard extérieur, la stigmatisation et les préjugés auxquels les Haïtiens doivent faire face dans un pays qui les accueille avec méfiance.
Le comédien Atys Panch, connu pour son humour grinçant, apporte une touche de dérision à cette fresque sociale, sans jamais en diluer la gravité. Son apparition ne fait que souligner la tension entre le rire et la douleur, l’absurde et le réel.
Derrière le rythme accrocheur et la réalisation sobre, « Oh Mezanmi » interroge frontalement les motivations et les conséquences de l’exil. Ce que l’on fuit, ce que l’on espère, et surtout ce que l’on perd en chemin. Trouble Boy n’épargne rien ni personne, préférant la lucidité à l’illusion. Un titre qui, sans aucun doute, continuera à résonner bien au-delà des plateformes de streaming