Ce vendredi 13 juin 2025, la ville de Mirebalais a été le théâtre d’un nouvel épisode de banditisme qui souligne une fois de plus la faillite sécuritaire de l’État haïtien. Des membres lourdement armés de la coalition criminelle « Viv Ansanm » ont entrepris de piller l’Hôpital Universitaire de Mirebalais (HUM), sous les yeux d’une population impuissante, dans un silence complice des autorités.
Pendant que le gouvernement mobilise des unités spécialisées de la PNH et des soldats des Forces Armées d’Haïti (FAd’H) pour redémarrer la centrale hydroélectrique de Péligre – arrêtée par des citoyens réclamant justement des mesures contre l’insécurité – aucune disposition n’a été prise pour protéger ce joyau du système de santé haïtien. Résultat : ce centre hospitalier d’envergure nationale, financé à hauteur de 16 millions de dollars américains, est aujourd’hui en train d’être vidé de ses équipements les plus essentiels.
Dysfonctionnel depuis avril 2025 à cause des violences perpétrées par les gangs dans la région, l’HUM se retrouve aujourd’hui complètement à la merci des criminels. Selon plusieurs médias locaux, les pillards sont entrés dans les locaux sans rencontrer de résistance. Des équipements médicaux sophistiqués, d’une valeur inestimable pour le pays, sont transportés vers des destinations inconnues, et personne ne semble en mesure d’intervenir.
La commune de Mirebalais, naguère symbole de développement médical grâce à ce projet, est désormais sous le contrôle quasi-total de la coalition « Viv Ansanm ». Les forces de l’ordre brillent par leur absence, tandis que les sections communales voisines vivent dans la peur constante de nouveaux assauts armés.
Il convient de rappeler que l’Hôpital Universitaire de Mirebalais n’est pas un simple bâtiment : il s’agit d’un centre hospitalier de 320 lits, avec six salles d’opération, une clinique externe, douze salles de consultation, un laboratoire, une pharmacie, des services spécialisés comme celui de la malnutrition ou encore la clinique VIH. Sa destruction ou son dépouillement représente une perte incalculable pour un pays déjà exsangue en matière de services de santé.
Ce drame soulève plusieurs questions cruciales : comment peut-on, en tant que nation, laisser se volatiliser un tel investissement sans réaction ? Où sont passées les autorités ? Pourquoi le gouvernement haïtien semble-t-il toujours un temps de retard quand il s’agit de protéger ce qui reste des acquis collectifs ?
L’histoire retiendra que, pendant qu’on sécurisait des turbines à Péligre, on laissait détruire un hôpital entier à Mirebalais. Et qu’une fois encore, dans ce pays, les gangs ont gagné du terrain là où l’État a reculé.
Il ne s’agit plus seulement d’un enjeu sécuritaire, mais d’un drame national qui exige des réponses immédiates et concrètes. Car à ce rythme, ce n’est pas seulement le territoire que nous perdons, c’est aussi notre dignité.