Henri Namphy, né le 2 novembre 1932 à Grande-Rivière-du-Nord, fut longtemps perçu comme un homme providentiel dans une Haïti en quête de renouveau. Général de l’armée haïtienne, respecté pour sa discipline et sa rigueur, il accède au rang de chef d’état-major avant d’être propulsé sur le devant de la scène à un moment décisif de l’histoire du pays.
À la chute de Jean-Claude Duvalier, le 7 février 1986, Namphy prend la tête du Conseil National de Gouvernement (CNG), organe de transition censé ouvrir la voie à une véritable démocratie. Il dissout les milices duvaliéristes, restaure le drapeau bleu et rouge et promet des élections libres. Pendant un court instant, l’espoir renaît.
Mais très vite, les promesses cèdent la place aux désillusions. Les répressions violentes, le maintien du contrôle militaire et le massacre du 29 novembre 1987, jour prévu pour les élections générales, marquent un tournant. L’homme qui devait incarner la rupture devient le symbole d’une transition avortée.
En février 1988, Namphy remet le pouvoir à Leslie Manigat après des élections contestées. Mais à peine quelques mois plus tard, en juin, il orchestre un coup d’État et reprend les rênes du pouvoir. Ce retour ne dure pas : il est renversé en septembre par le général Prosper Avril.
Exilé en République dominicaine, Henri Namphy quitte définitivement la scène politique. Il y meurt le 26 juin 2018, à 85 ans, des suites d’un cancer du poumon. Son nom reste à jamais lié à cette période fragile où l’espoir d’un nouvel avenir démocratique s’est heurté à la réalité brutale du pouvoir militaire.