Les fortes pluies qui s’abattent sur le pays depuis la semaine dernière en raison du passage de l’ouragan Mélissa, désormais classé en catégorie 4, inquiètent les déplacés vivant dans les camps. Ces personnes vivent avec une grande détresse, alors que les infrastructures des camps ne peuvent pas les protéger de la pluie et du vent.
C’est notamment le cas des habitants du site Mormon à Carrefour Tifou et du camp OPL, qui se retrouvent avec seulement quelques mètres carrés d’abris précaires. Les conditions de vie de ces personnes sont accablantes. Beaucoup d’entre elles ne disposent que de draps, de morceaux de bâches ou de quelques tôles fragiles pour se protéger du soleil. En cette saison cyclonique, avec le vent qui secoue tout et la pluie qui tombe sans arrêt, la vie de ces personnes devient encore plus compliquée.
Marlène, l’une des déplacées, raconte son calvaire :
« Bon sang, je ne peux ni monter ni descendre. L’ONM (Office National pour la Migration) avait un petit montant à nous donner. Malgré mon inscription, je ne l’ai jamais reçu. Vivre dans un camp, dans des conditions d’insalubrité et avec le risque constant de continuer à être victimes, ce n’est pas bon pour nous du tout. Là où je suis, je peux recevoir une balle perdue, nous ne sommes pas protégés du soleil, je ne peux même pas vous raconter tout ce que nous subissons avec la pluie et le vent pendant ce moment de cyclone. Nous ne vivons vraiment pas et les autorités ignorent la gravité de la crise », confie cette quaternaire.
Plus loin, Jocelyn, un autre déplacé vivant dans le site Mormon, insiste pour dénoncer les conditions difficiles dans lesquelles ils survivent. Face à cette situation, il réclame une intervention urgente des autorités :
« L’endroit où nous vivons ne peut pas nous protéger de la pluie, il ne résiste pas aux rafales de vent. Si les intempéries persistent cette semaine, cela pourrait affecter davantage la situation des habitants du camp. Pour éviter que cela ne devienne plus grave, l’État doit porter une attention particulière à cette catégorie de personnes déjà victimes de l’insécurité et aujourd’hui livrées à elles-mêmes. Des dispositions doivent être prises pour que nous puissions retourner dans nos quartiers », affirme-t-il.
Toutefois, du côté des différentes instances gouvernementales, les appels à la prudence adressés à la population se multiplient. En revanche, les personnes vivant dans les camps ainsi que d’autres en situation vulnérable estiment que le gouvernement n’entend pas réellement leurs cris, ni ne leur apporte un véritable accompagnement. Ainsi, si le cyclone venait à frapper le département de l’Ouest, elles croient que l’État serait impuissant à intervenir, faute de moyens ou de volonté manifeste.
Mederson Alcindor
