Une légende s’en est allée. André « Dadou » Pasquet, considéré comme l’un des plus grands guitaristes et créateurs de la musique haïtienne moderne, est décédé ce dimanche 23 novembre 2025, à l’âge de 72 ans. Sa famille a confirmé son départ dans un message empreint d’émotion, annonçant qu’il s’était éteint paisiblement, entouré de ses proches.
Né le 19 août 1953, Dadou Pasquet laisse derrière lui une œuvre immense et une influence incontestable. Issu d’une famille déjà marquée par la musique, il s’initie très tôt aux instruments grâce à ses oncles musiciens. Dès le début des années 1970, il rejoint Tabou Combo en tant que guitariste et chanteur. Aux côtés de Shoubou (Roger Eugène) et d’Yvon « Biassou » Mondésir, il forme un trio vocal remarquable qui contribue à redéfinir le son du groupe. Durant ses cinq années au sein de cette formation, il participe à des albums devenus des références : Canne à sucre, Respect, 8th Sacrament ou encore The Masters.
Sa virtuosité, mêlant précision, sensualité et audace, séduit un public large, des mélomanes les plus fervents aux amateurs les plus exigeants.
En 1976, il ouvre une nouvelle page de son parcours en fondant, avec son frère Claude « Tico » Pasquet, le Magnum Band, désormais incontournable dans l’histoire du konpa direk. Leur devise, « La seule différence », traduit l’ambition d’un groupe qui s’ancre dans la tradition du compas tout en y apportant des influences venues du jazz, du blues ou du reggae. Une musique méticuleusement travaillée, puissante, entraînante, qui devient rapidement une signature.
La carrière de Dadou Pasquet est jalonnée de titres devenus classiques : « Expérience », « Jéhovah », « Chèche lavi », « Grann », « Island », « Sans Frontière », « The Best in Town », « Pure Gold », « Adoration », « Congo nan vodou », « Paka pala », « Pike devan », « Ashdei », entre autres.
Cette productivité hors norme s’illustre dans des albums phares tels que Les Archives de Dadou Pasquet (1998) ou 30 ans Magnum Band, La seule différence (2007), qui retracent une œuvre dense et cohérente malgré la diversité de ses influences.
Dadou Pasquet était réputé pour son exigence, cette obsession du détail qui donne à sa musique une profondeur rare. Pour certains, il était un mystique du son, habité par une quête intérieure, méticuleux au point d’être intransigeant.
Il refusait la facilité, détestait la superficialité, et considérait la musique comme un acte de vérité. C’est cette rigueur qui a façonné un style unique, souvent imité mais rarement égalé.
Ces dernières semaines, sa famille avait annoncé qu’il traversait de graves problèmes de santé. Incapable de monter sur scène, le maestro restait néanmoins présent dans le cœur d’un public profondément attaché à son œuvre.
La confirmation de son décès a provoqué une vague d’émotion au sein de la communauté haïtienne, en Haïti comme dans la diaspora.
Dans leur message, ses proches écrivent :
« Pour le monde, il était une icône musicale, un guitariste légendaire dont le travail définissait les générations. Pour nous, il était un mari, un père, un ami. Il est parti en douceur, enveloppé dans l’amour de sa famille », peut-on lire sur la page officielle du défunt sur Facebook.
André « Dadou » Pasquet laisse derrière lui une œuvre immense, qui continuera de guider musiciens et mélomanes.
Il fut un pionnier, un bâtisseur de son, un perfectionniste dont la créativité a profondément marqué l’histoire du konpa.
Avec son départ, Haïti perd un maître. Mais son empreinte, elle, reste vivante dans chaque riff de guitare, dans chaque ligne mélodique, dans chaque scène où résonne encore la “seule différence”.
Mederson Alcindor


