Les autorités américaines ont annoncé ce 25 novembre 2025, des restrictions de visa visant Fritz Alphonse Jean, membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), pour ses liens présumés avec des gangs armés. L’intéressé rejette ces accusations, qu’il qualifie de manœuvres politiques.
Les États-Unis affirment que Fritz Alphonse Jean serait impliqué dans des activités facilitant l’action de groupes criminels. L’ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti a confirmé auprès de l’agence Associated Press qu’il était la personne concernée, tout en niant catégoriquement tout lien avec des organisations armées.
Selon le Département d’État, Jean aurait « entravé la lutte » contre les gangs qui contrôlent aujourd’hui près de 90 % de Port-au-Prince et étendent leurs opérations vers le centre du pays. Les autorités américaines n’ont toutefois fourni aucun détail supplémentaire sur les éléments ayant conduit à cette décision.
Cette sanction intervient à un moment sensible, alors que le Conseil présidentiel de transition est chargé de mener Haïti à des élections devant préalablement se tenir d’ici le 7 février 2026. Depuis plusieurs semaines, des tensions internes traversent le CPT, certains membres étant accusés de vouloir prolonger le processus de transition ou d’influencer la nomination d’un nouveau Premier ministre ce qui conduirait au limogeage de l’actuel locataire de la Primature Alix Didier Fils-Aimé. M. Jean rejette ces accusations et assure que le CPT demeure engagé dans la lutte contre les gangs et la corruption.
L’économiste affirme par ailleurs que des diplomates américains et canadiens auraient menacé des membres du Conseil Présidentiel de Transition de sanctions, notamment l’annulation de visas, lorsqu’ils ont envisagé de remplacer l’actuel chef du gouvernement. Il dénonce aussi l’influence persistante, selon lui, de réseaux impliqués dans le trafic de drogue et la circulation illicite d’armes.
En parallèle, l’ambassade américaine en Haïti a confirmé tard dans la nuit du lundi 24 novembre 2025, l’imposition de restrictions de visa contre une personnalité politique accusée de soutenir des gangs. Elle n’avait cependant pas révélé le nom de la personne visée. Dans sa note, Washington a réitéré son engagement en faveur de la stabilité du pays et de la tenue d’élections libres et crédibles.
Fritz Alphonse Jean, représentant de l’Accord de Montana, avait été désigné président du CPT, du 7 mars 2025 au 7 août 2025, son mandat, d’une durée de cinq mois, a été suivi par celui de Laurent Saint-Cyr, qui lui a succédé dépuis le 7 août 2025.
Son passage à la tête du CPT avait été marqué par un fonctionnement irrégulier, illustré notamment par la tenue de seulement trois Conseils des ministres, dans un contexte de crise sécuritaire, une bataille archanée avec le locataire de la Primature et une crise institutionnelle aiguë.
La décision américaine ajoute une pression supplémentaire sur une transition déjà fragilisée. Reste à déterminer l’impact de ces sanctions sur l’équilibre interne du Conseil et sur le calendrier électoral.
Mederson Alcindor
