Après plusieurs semaines de silence des autorités dominicaines, le rapport préliminaire sur la mort de Stephora indique que l’adolescente a été étouffée dans la piscine où elle participait à une activité scolaire. Le parquet a ouvert une enquête visant l’établissement scolaire et les organisateurs de l’excursion. Dans la foulée, les premiers enquêteurs dominicains en charge du dossier ont été révoqués.
Lovelie Raphaël, la mère de la victime, explique que la famille avait quitté le Cap-Haïtien en 2022 pour s’installer en République dominicaine. Cette décision répondait à la fois au départ du père vers l’Occitanie et à la détérioration de la situation sécuritaire en Haïti, où la violence persistante et l’instabilité institutionnelle poussent de nombreuses familles à chercher refuge ailleurs.
Une fois installée à Saint-Domingue, la famille scolarise Stephora. Mais l’adolescente est rapidement confrontée à des propos et attitudes racistes. « Ses camarades la traitaient de vieille noire haïtienne, se moquaient de la couleur de sa peau et de ses cheveux qu’ils appelaient paille de fer. Ces humiliations l’affectaient profondément et provoquaient de vives tensions avec ses camarades », témoigne sa mère. Elle précise avoir déposé plusieurs plaintes auprès de l’établissement, ce qui avait entraîné des sanctions contre certains élèves.
Le drame survient le 14 novembre 2025 lors d’une excursion organisée à Haciendo los Caballos pour récompenser les élèves aux meilleurs résultats. D’après les premiers témoignages, Stephora serait morte étouffée dans la piscine alors qu’elle nageait. Le silence prolongé des responsables de l’établissement et leurs versions contradictoires ont conduit à l’ouverture d’une procédure judiciaire pour éclaircir les circonstances exactes de la mort.
Alors que l’affaire suscite indignation et inquiétude au sein de la communauté haïtienne en République dominicaine, la réaction des autorités haïtiennes se distingue par une absence de leadership diplomatique. Ni le Ministère des Affaires étrangères ni aucun haut responsable de l’État ne s’est exprimé publiquement sur ce drame, malgré un contexte de tensions persistantes entre les deux pays et les violations récurrentes des droits des migrants haïtiens. Cette inertie renforce le sentiment d’abandon souvent exprimé par les familles haïtiennes vivant à l’étranger.
Le Ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE) a tout de même demandé l’ouverture d’une enquête rigoureuse et transparente sur la mort de Stephora Anne-Mircie Joseph, décédée à seulement 11 ans dans des conditions encore floues. Dans un communiqué, le ministère affirme accompagner la famille et suivre le dossier auprès des autorités compétentes, en attendant que la lumière soit faite sur les faits. Mais cette intervention isolée met aussi en évidence l’absence de coordination et de prise de position ferme du MAE, pourtant en première ligne lorsqu’il s’agit de défendre les ressortissants haïtiens à l’extérieur.
Selon plusieurs médias dominicains, au moins trois camarades de classe de Stephora seraient impliqués dans les circonstances de son décès. L’enquête devra maintenant déterminer les responsabilités précises et répondre aux nombreuses questions soulevées par cette tragédie.
Redaction Journal la Diaspora


