Le ministère de l’Économie et des Finances a rendu public un état des lieux des finances publiques arrêté au 30 avril 2025, couvrant les sept premiers mois de l’exercice fiscal 2024-2025. Ce rapport met en évidence une légère amélioration du solde global de l’État, qui atteint 22,3 milliards de gourdes, contre 21,2 milliards à la même période de l’année précédente. Cette évolution s’explique à la fois par une hausse des recettes et une augmentation des dépenses, les premières ayant progressé de 15 % et les secondes de 18 % en un an.
Les recettes perçues à cette date s’élèvent à près de 111,6 milliards de gourdes, soit 90 % de l’objectif intermédiaire fixé à 124,2 milliards, et 80 % du montant cible de 140 milliards attendu d’ici fin juin 2025, conformément aux engagements pris dans le cadre du programme SMP convenu avec le FMI. Cette performance est notamment portée par les recettes internes, qui affichent une croissance de 16 %, atteignant 71,3 milliards de gourdes. Les droits d’accises ont connu une progression remarquable de 82 %, une tendance attribuée à la relative stabilité du taux de change et à la bonne tenue de la fiscalité sur les produits pétroliers. De leur côté, les recettes douanières enregistrent également une hausse significative, passant de 34,8 à 40,2 milliards de gourdes.
Côté dépenses, l’État a maintenu une certaine discipline budgétaire, bien que la part des charges courantes demeure prédominante. Ces dernières représentent 94 % du total des dépenses publiques et enregistrent une progression annuelle de 14 %. Le poste « traitements et salaires », à lui seul, absorbe 55 % des dépenses courantes, avec un montant de 45,8 milliards de gourdes, en hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation survient malgré une baisse des effectifs dans la fonction publique, conséquence de nombreux avis de cessation, mais compensée par des ajustements dans certains secteurs clés, notamment l’éducation, la police nationale et l’administration fiscale.
Les dépenses d’investissement sur ressources internes, bien qu’encore modestes en proportion, ont plus que doublé sur la période, atteignant 5,6 milliards de gourdes contre 2,3 milliards l’année précédente. Une grande partie de ces fonds est dirigée vers le programme d’investissement public, le reste étant consacré à l’acquisition de matériels et équipements.
Dans ce contexte, l’État a continué à financer ses besoins par l’émission de bons du Trésor, pour un montant cumulé de 96,3 milliards de gourdes entre octobre 2024 et avril 2025, dont 87,2 milliards ont été remboursés sur la même période. Le financement monétaire affiche un solde négatif de 8 milliards de gourdes, en amélioration par rapport aux -12,2 milliards enregistrés un an plus tôt, ce qui témoigne d’un recours plus modéré aux avances de la banque centrale.
L’accent a également été mis sur les dépenses à caractère social, qui atteignent 24,1 milliards de gourdes pour les quatre ministères concernés (Éducation, Santé, Affaires sociales et Agriculture). Le ministère de l’Éducation nationale, à lui seul, en capte plus des deux tiers. Ces dépenses sociales représentent déjà 81 % de l’objectif prévu dans le cadre du programme SMP, soulignant une volonté affirmée des autorités de protéger les secteurs les plus sensibles.
Dans l’ensemble, ce bilan intermédiaire fait état d’une gestion relativement maîtrisée des finances publiques, où la progression des recettes accompagne de près celle des dépenses, permettant ainsi au gouvernement de contenir le déficit tout en poursuivant ses priorités. La stratégie adoptée vise un équilibre délicat entre discipline budgétaire et soutien aux secteurs essentiels, dans un environnement économique toujours sous tension mais où des signes de stabilité apparaissent progressivement.