Dans un contexte où Haïti traverse une des périodes les plus sombres de son histoire récente, la voix de Michèle Duvivier Pierre-Louis continue de résonner avec force et lucidité sur la scène internationale. L’ancienne Première ministre et actuelle présidente de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) a été honorée, le 24 mai 2025, par Bard College, aux États-Unis, qui lui a décerné un doctorat honoris causa.
Ce geste de reconnaissance souligne non seulement sa trajectoire remarquable en tant que femme d’État, mais aussi son engagement constant en faveur de l’éducation, des droits humains et de la justice sociale. Des valeurs qu’elle incarne depuis plusieurs décennies avec une constance rare.
Empêchée de se rendre à la cérémonie en raison des conditions critiques en Haïti, Mme Pierre-Louis a néanmoins adressé un message, lu par la réalisatrice Patricia Benoît. Dans ce discours empreint d’émotion et de gravité, elle a exprimé sa fierté pour cette distinction, tout en rappelant le contexte d’extrême fragilité dans lequel vit son pays. Elle a évoqué sans détour la violence généralisée imposée par les gangs armés, la paralysie de l’aéroport international de Port-au-Prince, et le sentiment croissant d’isolement qui pèse sur la population.
Son propos ne s’est pas limité à la dénonciation. Elle a pris soin de replacer la situation actuelle dans une perspective historique plus large, rappelant l’héritage colonial qui pèse encore lourdement sur Haïti. Un héritage fait de marginalisation systémique, de luttes inachevées, et de silences imposés. Mais au milieu de ce tableau sombre, elle a tenu à affirmer son appartenance et son attachement indéfectible à son pays : « Je vis en Haïti ; je suis Haïtienne et très fière de l’être. »
Ce discours a aussi été l’occasion pour Michèle Duvivier Pierre-Louis d’adresser un message aux jeunes diplômés. Elle les a invités à cultiver ce qu’elle appelle une « éthique du soin », une approche qui place la dignité humaine au centre de chaque engagement. Une invitation à choisir l’empathie, à refuser l’indifférence, et à agir avec responsabilité dans un monde en crise.
Dans un monde où les honneurs se perdent souvent dans les jeux d’apparence, cette reconnaissance portée à une figure de la pensée et de l’action engagée haïtienne rappelle l’importance de la voix des femmes qui, malgré les tempêtes, continuent de tenir la barque debout.