Une intervention musclée des autorités américaines dans des fermes de cannabis en Californie a viré au drame. Un ouvrier a été grièvement blessé, 200 migrants ont été arrêtés, et des enfants vénézuéliens restent séparés de leurs parents expulsés. Les accusations de brutalité, de violations des droits humains et d’indifférence cynique envers l’administration Trump se multiplient.
Camarillo, Californie — Une nouvelle descente menée par la police de l’immigration dans le comté de Ventura a tourné au chaos jeudi. L’opération, qui a visé deux fermes de cannabis à Carpinteria et Camarillo, a laissé un ouvrier agricole dans un état critique, provoqué l’arrestation de près de 200 migrants sans papiers et donné lieu à des affrontements violents entre agents fédéraux et manifestants.
Selon sa famille, l’ouvrier blessé aurait fait une chute de neuf mètres en tentant de fuir. Il est toujours en vie, mais ses chances de survie sont minces. « Les médecins nous ont dit qu’il ne s’en sortirait pas. Son cœur bat encore, mais ses blessures sont catastrophiques », a écrit un proche sur GoFundMe.
Les autorités affirment que l’homme n’était pas poursuivi par les forces de l’ordre. Mais sur le terrain, témoins et proches des travailleurs dénoncent des violences, des brutalités policières et un climat de terreur. Des vidéos montrent des agents antiémeutes utilisant du gaz lacrymogène contre des manifestants, tandis que des protestataires leur lançaient des projectiles.
Des familles brisées, des enfants abandonnés
L’intervention ne s’est pas arrêtée là. Dix enfants migrants ont été « récupérés » par les autorités. Le Département de la Sécurité intérieure affirme les avoir sauvés d’un potentiel travail forcé. Mais pour de nombreuses familles, il s’agit d’un drame humanitaire supplémentaire.
À Caracas, des centaines de personnes ont manifesté pour réclamer le retour d’enfants vénézuéliens restés seuls aux États-Unis après l’expulsion de leurs parents. Mariale Castellano, 26 ans, a été expulsée fin mai, laissant sa fille de neuf ans derrière elle, placée dans une famille d’accueil. « Le rêve américain est devenu un cauchemar », a-t-elle déclaré.
Fin juin, le gouvernement vénézuélien a accusé les États-Unis de « séquestration » de mineurs, exigeant une action urgente. Plus de 7 000 migrants vénézuéliens ont été expulsés depuis février, et environ 200 autres ont été envoyés dans une prison de haute sécurité au Salvador, accusés sans procès de liens avec le gang Tren de Aragua.
Trump en rajoute une couche
Alors que la tension monte, Donald Trump a envenimé la situation. Dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, il a ordonné aux agents fédéraux d’user de tous les moyens nécessaires pour arrêter ceux qui leur jettent des projectiles. Il a qualifié les manifestants de « RACLURES ».
L’État fédéral sous pression
Face à l’indignation croissante, une juge fédérale a ordonné vendredi soir à l’administration Trump de prendre des mesures contre les contrôles au faciès à Los Angeles et dans six comtés californiens. Mais les opérations de répression se poursuivent quotidiennement, menées par des centaines de soldats de la Garde nationale encore déployés dans la région.
Alors que l’administration Trump poursuit sa croisade anti-migrants, le coût humain de cette politique devient chaque jour plus insupportable. Des familles brisées, des enfants arrachés à leurs parents, un ouvrier entre la vie et la mort… Le rêve américain semble désormais réservé à ceux qui ferment les yeux sur l’inhumanité.