Washington frappe fort : même les diplomates haïtiens désormais privés de visa
L’humiliation est complète. Dans une note circulaire datée du 23 juillet 2025, l’Ambassade d’Haïti en République Dominicaine a annoncé que l’ambassade des États-Unis à Santo Domingo a décidé de ne plus approuver aucune demande de visa B1/B2 émanant de ressortissants haïtiens, qu’ils soient détenteurs de passeports ordinaires, officiels ou même diplomatiques. Une décision sans précédent, qui sonne comme une gifle diplomatique, et jette une ombre inquiétante sur les relations déjà fragiles entre Port-au-Prince et Washington.
Selon la communication, cette mesure découle de la récente promulgation d’une nouvelle Loi sur l’Immigration et la Nationalité des États-Unis, visant à restreindre l’entrée sur le sol américain de ressortissants de pays jugés à risque. Haïti y figure explicitement, aux côtés d’autres nations considérées comme des menaces potentielles pour la sécurité nationale des États-Unis.
La mission diplomatique américaine justifie cette décision radicale par la volonté de protéger le territoire américain des “terroristes étrangers” et autres menaces à la sécurité nationale. La proclamation présidentielle citée dans la note suspend l’émission de visas temporaires B1/B2 – normalement délivrés pour affaires ou tourisme – sans tenir compte du statut du demandeur.
Une atteinte à la souveraineté et à la dignité diplomatique
Ce rejet systématique, même envers les représentants officiels de l’État haïtien, s’apparente à une humiliation nationale. Car en diplomatie, le respect du passeport officiel ou diplomatique est l’un des symboles fondamentaux de la reconnaissance entre États. Qu’un pays allié comme les États-Unis choisisse ainsi d’ignorer cette règle tacite envoie un signal fort : Haïti n’est plus un partenaire crédible ni fiable aux yeux de Washington.
Une stratégie pour dissuader toute entrée haïtienne sur le sol américain ?
Plus qu’une simple décision administrative, cette mesure s’apparente à une volonté claire et brutale de décourager les Haïtiens, toutes catégories confondues, de tenter d’entrer aux États-Unis. Une fermeture diplomatique et symbolique qui va bien au-delà de la simple lutte contre l’immigration irrégulière.
Cette décision survient dans un contexte où la crise socio-politique en Haïti s’aggrave de jour en jour, et où de nombreux Haïtiens cherchent désespérément à fuir vers l’étranger. En interdisant l’accès même aux diplomates, les États-Unis affaiblissent encore davantage la capacité d’Haïti à plaider sa cause sur la scène internationale.
Une fracture diplomatique en gestation ?
La note émise depuis Santo Domingo, capitale d’un voisin souvent en tension avec Haïti, n’est pas anodine. Elle révèle la fragilité croissante des relations triangulaires entre Haïti, la République Dominicaine et les États-Unis, où les enjeux migratoires, sécuritaires et géopolitiques s’entrelacent dangereusement.
La porte se referme, le silence demeure
Dans un silence assourdissant de la part des autorités haïtiennes, cette décision des États-Unis s’abat comme un coup de massue. Elle renvoie Haïti à une position de marginalité extrême, où même ses représentants officiels ne trouvent plus d’écoute ni de passage vers le pays qui fut longtemps perçu comme un allié naturel.
Une chose est certaine : Haïti traverse l’un des épisodes diplomatiques les plus humiliants de son histoire récente. Et pour ses citoyens, cette fermeture de porte risque de renforcer le sentiment d’abandon et d’exclusion.