mercredi, septembre 17

Face à l’escalade de la violence en Haïti, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution historique autorisant la création du Bureau d’appui des Nations unies pour Haïti (BUNAH) et le déploiement d’une Force de répression des gangs (FRG). Cette nouvelle force, forte de 5 500 membres, sera financée par des contributions obligatoires afin d’assurer un soutien logistique stable et durable à la lutte contre les groupes armés qui paralysent le pays.

Selon la résolution, le BUNAH deviendra pleinement opérationnel dans un délai de six mois. Durant cette phase de transition, l’Organisation des États américains (OEA), via sa plateforme SECURE-Haïti, continuera de fournir une assistance logistique, notamment pour le dédouanement de matériel, la mise à disposition d’équipements et le maintien d’une base opérationnelle avancée.

La FRG succédera à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), déployée depuis 2023, et aura pour mandat de neutraliser les gangs les plus violents, de sécuriser les infrastructures stratégiques dont ports, aéroports, routes nationales, hôpitaux et de rétablir un climat propice au fonctionnement des institutions haïtiennes. Le texte encourage les pays actuellement engagés dans la MMAS à maintenir ou accroître leur contribution en personnel et en équipements.

La force disposera de l’autorité nécessaire pour mener des opérations offensives ciblées contre les groupes armés tout en menant des patrouilles conjointes avec la Police nationale d’Haïti (PNH). L’objectif est de renforcer les capacités de la PNH et de préparer un transfert progressif de la responsabilité sécuritaire aux autorités haïtiennes.

La résolution prévoit également des garanties pour éviter les abus qui avaient entaché les précédentes missions onusiennes : normes strictes pour la gestion des eaux usées afin de prévenir la propagation du choléra et tolérance zéro contre l’exploitation et les abus sexuels. Les pays contributeurs bénéficieront en outre d’un système de remboursement des équipements mis en place par l’ONU pour encourager leur participation.

Pour assurer la gouvernance stratégique de la mission, un Groupe permanent de partenaires sera mis en place. Il regroupera dans un premier temps les États-Unis, le Canada, les Bahamas, la Jamaïque, le Kenya, le Guatemala et El Salvador. Ce groupe aura pour rôle de mobiliser des financements volontaires, de coordonner la génération de forces et d’assurer une supervision politique de haut niveau.

Cette initiative bénéficie du soutien du gouvernement de transition haïtien, qui y voit un levier crucial pour rétablir la sécurité, relancer l’économie et préparer le retour à l’ordre constitutionnel. La CARICOM a salué cette approche, la qualifiant de « pragmatique » pour combler les lacunes constatées dans la MMAS. Le Danemark a également applaudi cette décision, soulignant l’importance d’une implication plus forte de l’ONU.

Cette avancée est le fruit d’une initiative conjointe des États-Unis et du Panama, qui ont présenté le projet de résolution. Washington a insisté sur la nécessité de doter la mission de moyens financiers pérennes, arguant que les seules contributions volontaires ne suffisaient pas à garantir la stabilité de l’opération.

Le Secrétaire général de l’ONU a de son côté exhorté le Conseil à « agir sans délai », rappelant que la situation humanitaire et sécuritaire en Haïti exigeait une réponse robuste et coordonnée. Il a insisté sur la nécessité de soutenir la PNH et de tarir les sources de financement des gangs, notamment le trafic d’armes et d’autres activités illicites.

Cet appel a été entendu par plusieurs États membres. Le Royaume-Uni a d’ores et déjà annoncé une contribution de 6,7 millions de dollars au Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour soutenir les efforts de sécurisation en cours, un signal fort en faveur d’une mobilisation internationale durable pour Haïti.

Mederson Alcindor

Share.
© 2025 Journal la Diaspora. Designed by Media Innovation.
Exit mobile version