Les demandes d’asile en Guyane française ont triplé au cours de l’année écoulée, principalement en raison de l’afflux de ressortissants haïtiens. Plus de 20 000 Haïtiens ont déposé leur dossier au guichet unique de la préfecture, la structure de premier accueil des demandeurs d’asile (Spada) de Cayenne.
Cette augmentation est liée à une décision de la Cour nationale du droit d’asile datant de près de deux ans. La Cour avait reconnu que certaines zones d’Haïti, notamment Port-au-Prince et le département de l’Artibonite, subissent une violence « aveugle et d’intensité exceptionnelle ». Pour conséquence directe : la quasi-totalité des demandes provenant de ces départements obtiennent désormais une protection subsidiaire. Au deuxième trimestre 2025, 91 % des dossiers étudiés par l’Ofpra ont été acceptés, selon Gérard Sadick, responsable asile à la Cimade.
Cette vague de demandes a complètement saturé les services de l’État. Dans 85 % des cas, il s’agit de réexamens de dossiers de personnes déjà présentes sur le territoire. Les délais d’attente dépassent désormais deux ans, alors que la loi prévoit un traitement en trois à dix jours. Pendant ce temps, les demandeurs ne peuvent ni quitter la Guyane, ni travailler, ni recevoir d’aide financière, ni scolariser leurs enfants. À plusieurs reprises, la justice a sommé l’État d’accélérer l’instruction des dossiers, mais la situation reste critique.
Cette flambée des demandes d’asile en Guyane s’inscrit dans un contexte humanitaire dramatique en Haïti. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus d’un million de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays, confrontées à une violence généralisée des gangs et à une crise humanitaire qui s’aggrave. Le nombre de déplacés a triplé en un an, passant de 315 000 en décembre 2023 à plus d’un million en 2025, une situation qui explique en partie l’exode massif vers la Guyane et la pression sans précédent sur le système d’asile français.