Entre les mois de janvier et d’août 2025, les autorités douanières dominicaines annoncent avoir récolté plus de 700 millions de dollars provenant uniquement des exportations de produits vers Haïti. Ces chiffres concernent exclusivement les marchés binationaux officiels, en dehors de toute activité informelle.
Le journaliste Yves Marie Chanel, membre de la Fondation Zile, qui suit de près l’évolution des relations entre Haïti et la République dominicaine ces dernières années, affirme que le conflit entre les deux pays voisins n’est toujours pas résolu. Ainsi, les restrictions sur les voyages terrestres des migrants haïtiens au niveau de la frontière demeurent, tout comme les interdictions concernant les vols aériens. Pour le moment, seul un corridor humanitaire fonctionnerait dans les relations diplomatiques entre les deux nations.
Toutefois, le commerce continue de s’effectuer sur différents points frontaliers. Selon les chiffres communiqués par les autorités douanières dominicaines, de janvier à août, 775,8 millions de dollars américains ont été enregistrés dans les exportations vers Haïti, sans compter celles issues du commerce de contrebande.
« Les chiffres communiqués concernent principalement les ventes réalisées dans les marchés binationaux régulés. Par exemple, à Dajabón, il s’agit de l’exportation en grande quantité par conteneurs. Cependant, une grande partie des transactions reste informelle et n’est pas comptabilisée. Seules 4,8 millions de dollars d’importations officielles sont déclarées », a confié Yves Marie Chanel.
Plus loin, il dénonce le manque de production locale en Haïti, principalement lié à cause du climat d’insécurité qui paralyse le travail des agriculteurs, notamment dans l’Artibonite et, ces derniers mois, à Kenscoff. Cela a pour conséquence que, même pour certains produits agricoles, le pays dépend désormais de la République dominicaine, où ces produits entrent sans aucun contrôle sanitaire ni sécuritaire au niveau de la frontière.
Cependant, Yves Marie Chanel poursuit en soulignant qu’une baisse est observée en République dominicaine ces dernières années, en raison de la vague de déportations, appliquée par le président Luis Abinader.
Dans ce contexte, les secteurs de la construction et de l’agriculture, qui dépendent largement de la main-d’œuvre migrante en situation irrégulière, ont perdu une part importante de leurs travailleurs.
D’après les données disponibles, Haïti figure parmi les plus grands consommateurs de produits dominicains, notamment ceux qui échappent à toute vérification légale et sanitaire. De nombreux observateurs estiment que ce commerce libre représente un danger pour les consommateurs et a un impact considérable sur les efforts des paysans visant à relancer la production nationale, alors que la dépendance d’Haïti vis-à-vis des produits dominicains s’accroît de jour en jour.
