vendredi, octobre 31

Les pluies et vents violents provoqués par l’ouragan Mélissa ont aggravé la situation déjà critique des déplacés internes vivant dans le camp de déplacés. Les abris de fortune, constitués de bâches et de tôles fragiles, ont cédé sous la pression des intempéries, laissant des centaines de familles exposées au froid, à l’humidité et aux maladies.

À peine arrivé sur le site, le constat est frappant : les allées sont transformées en ruisseaux boueux, les matelas détrempés jonchent le sol, et les enfants dorment à même la terre. Les familles s’entassent dans des espaces de quelques mètres carrés, les latrines sont inaccessibles et les déchets s’accumulent, favorisant la propagation de maladies, dont le choléra.

On le surnomme Marlène. Âgée d’une trentaine d’années, elle raconte son calvaire : « Toute notre famille est dans l’eau. Les enfants ont froid et nous n’avons nulle part où nous abriter correctement. » Elle ajoute : « Les bâches se sont déchirées avec le vent. Si cela continue, tout le camp sera inondé. »

Dans la cour de l’ancien lycée Marie-Jeanne, transformé depuis deux ans en refuge improvisé, le décor témoigne de l’abandon. Les salles de classe, jadis pleines d’élèves, abritent désormais des dizaines de familles. Des draps usés font office de cloisons, l’eau s’infiltre partout, et les enfants dorment souvent à même le sol. « Nous attendons la nuit pour nous laver, quand tout le monde dort », raconte une fugitive, déplacée depuis l’avenue Magloire Ambroise. Chaque besoin vital, y compris l’accès aux toilettes, se paie vingt-cinq gourdes par utilisation.

Les témoignages se multiplient et se ressemblent : promiscuité, insalubrité et absence totale de soutien institutionnel. « Cela fait deux ans que nous vivons ici. Aucune autorité n’est venue nous voir, pas même une visite symbolique », déplore un responsable du site. « Les enfants jouent dans la boue. Nous craignons pour leur santé », confie une autre réfugiée. Un responsable ajoute : « Nous n’avons reçu aucune aide. Les habitants se sentent abandonnés. »

Le calvaire de Delmas 33 reflète la vulnérabilité générale des déplacés dans la région métropolitaine. Privés de structures adaptées, les habitants sont livrés à eux-mêmes face aux intempéries et à l’absence de mesures d’urgence. Adeline, mère de quatre enfants, résume leur quotidien : « Nous ne vivons pas, nous survivons. Quand il pleut, tout s’effondre. Les autorités savent que nous existons, mais elles font comme si de rien n’était. »

Cette détresse s’ajoute à celle des autres camps, comme le site Mormon à Carrefour Ti-Fou et le camp OPL, où les abris fragiles cèdent également sous le vent et la pluie. Les habitants dénoncent le manque de soutien des autorités et des organisations humanitaires et appellent à une intervention urgente pour sécuriser les abris, distribuer des vivres et de l’eau potable, et protéger la santé des familles.

Alors que l’ouragan Mélissa s’éloigne progressivement, la tempête humanitaire, elle, continue de frapper ces populations marginalisées. Sous les tentes de fortune, l’attente se prolonge entre espoir et désillusion. Ces hommes, femmes et enfants, invisibles aux yeux des décideurs, continuent de lutter contre la pluie, la faim et l’indifférence dans un pays où la vulnérabilité est devenue un mode de survie.

La catastrophe laisse derrière elle des milliers de sinistrés et des familles dévastées, tandis que les opérations de secours peinent à atteindre toutes les zones touchées. Selon les données disponibles, environ 30 personnes ont perdu la vie, dont 23 dans le département de l’Ouest. Vingt autres sont portées disparues et 20 ont été blessées. Plus de 2 399 familles ont été contraintes de quitter leur domicile en raison des inondations qui touchent les zones du Sud, de la Grand’Anse, du Nord et de l’Ouest. Plusieurs milliers de maisons ont été submergées, compliquant les opérations des équipes de secours.

Mederson Alcindor

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