vendredi, octobre 24

À moins de quatre mois de la fin de la transition politique, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont tiré la sonnette d’alarme mercredi 22 octobre, exhortant les autorités haïtiennes à rétablir la sécurité et à organiser sans plus tarder des élections générales.

Le Conseil présidentiel de transition (CPT), en place depuis avril 2024, a pour mission d’assurer la gouvernance du pays jusqu’à l’installation d’un nouveau gouvernement le 7 février 2026. Mais à ce jour, la date des élections n’est toujours pas annoncée, alors que la violence des gangs continue de paralyser la capitale et plusieurs régions du pays.

« Le temps de la transition est compté. Je crains qu’une voie stable vers le rétablissement de la gouvernance démocratique ne se dessine pas encore », a déclaré Carlos Ruiz Massieu, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour Haïti, lors de la réunion du Conseil de sécurité. Selon lui, Haïti ne peut pas se permettre un nouveau vide politique.

Depuis 2016, aucune élection générale n’a eu lieu dans le pays. Après l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, Haïti n’a plus connu de dirigeants élus, accentuant l’instabilité institutionnelle et la perte de confiance du public envers les autorités.

Des préparatifs en cours, mais des défis majeurs

Le Conseil électoral provisoire (CEP) a déjà évalué les centres de vote dans neuf des dix départements, identifiant environ 1 309 centres pour près de 6,2 millions d’électeurs. Le premier tour des élections devrait coûter près de 137 millions de dollars américains, selon les estimations de l’institution.

Le coordonnateur du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, a indiqué que le gouvernement haïtien a inscrit une enveloppe de 65 millions de dollars dans le budget 2025–2026 pour soutenir l’organisation du scrutin. Les fonds serviront à financer les opérations logistiques, la formation du personnel et le fonctionnement des institutions électorales. Les partenaires internationaux devraient compléter ce financement.

Le ministère de la Justice a par ailleurs confirmé que plus de 220 partis politiques ont entamé leur processus d’enregistrement, un signal d’intérêt politique malgré le climat de méfiance et d’insécurité.

Une situation sécuritaire préoccupante

Les violences armées demeurent la principale entrave à l’avancée du processus électoral. L’ONU a recensé 2 123 victimes entre juin et août 2025, avec une recrudescence des attaques dans l’Artibonite, le Centre et les zones rurales de l’Ouest.

Dans un rapport récent, le Secrétaire général António Guterres s’est dit préoccupé par l’escalade de la violence et les violations persistantes des droits humains. Entre janvier et août, 1 303 homicides ont été enregistrés, contre 419 sur la même période en 2024.

Face à cette situation, le Conseil de sécurité a renouvelé le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et approuvé une force multinationale de lutte contre les gangs, destinée à renforcer la Police nationale d’Haïti.

Appels à l’unité et à la responsabilité

Plusieurs diplomates, dont les représentants des États-Unis et du Royaume-Uni, ont appelé la classe politique et le secteur privé haïtiens à s’impliquer davantage.
« Haïti se trouve à la croisée des chemins », a affirmé Mike Waltz, ambassadeur américain auprès de l’ONU. « La communauté internationale continuera de soutenir Haïti, mais les dirigeants haïtiens doivent faire leur part pour restaurer un gouvernement démocratiquement élu. »

Pour sa part, Archibald Young, représentant du Royaume-Uni, a insisté sur la nécessité de « cibler les soutiens économiques et politiques des gangs » afin de briser les réseaux de financement qui entretiennent l’insécurité.

À mesure que le 7 février 2026 approche, l’avenir politique d’Haïti reste suspendu à un fil. L’ONU multiplie les avertissements, mais sans une action rapide et concertée des acteurs nationaux, la transition pourrait s’achever sans véritable issue démocratique.

Mederson Alcindor

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