Alors qu’Haïti s’approche du 7 février 2026, date de fin du mandat du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), l’avocat et analyste politique Me Jean Sénat Fleury a alerte sur la situation sécuritaire et institutionnelle du pays. Invité par l’Association des journalistes haïtiens de l’étranger (AJHE) le 30 novembre dernier, il a souligné que sans rétablissement de la sécurité, aucune élection crédible n’est possible dans le pays et la crise risque de pérenniser.
Selon Me Fleury, la crise haïtienne est multidimensionnelle : l’absence d’élections depuis 2016 a affaibli les institutions, favorisant l’emprise des gangs sur de vastes zones du territoire, et plongeant le pays dans un vide de pouvoir. La fragmentation politique extrême, avec plus de 200 partis sans véritable base populaire, accentue le chaos et freine toute perspective de gouvernance stable.
Pour sortir de cette impasse, l’avocat propose une série de mesures urgentes :
Créer un cadre propice à l’investissement pour générer des emplois et relancer l’économie.
Renforcer les infrastructures de base : éducation, santé, routes, transport et électrification.
Mettre en place une Commission de Vérité et de Justice pour analyser les crimes commis pendant la période de transition et définir une réponse appropriée.
Organiser une réforme constitutionnelle et des États généraux pour refonder le pacte social.
Réévaluer les travaux du Conseil électoral provisoire (CEP), notamment le calendrier électoral, avant de tenir des élections légitimes.
Remettre le pouvoir à des élus issus d’un processus démocratique crédible.
La diaspora haïtienne, selon Me Fleury, représente un levier stratégique essentiel. Entre envois de fonds, expertise professionnelle et engagement civique, elle peut jouer un rôle déterminant dans la reconstruction du pays. « On la sollicite pour l’argent, mais pas pour sa voix. C’est une erreur stratégique », a-t-il averti.
Sur la coopération internationale, l’avocat plaide pour une collaboration lucide : Haïti doit rester maître de ses choix et définir ses priorités, tout en bénéficiant d’un appui financier, technique et sécuritaire respectueux de sa souveraineté.
Malgré la gravité du diagnostic, Me Fleury a conclu sur un message d’espoir et d’action collective : « Haïti a traversé des crises terribles. Nous avons toujours su rebondir. Cette fois, il faut lucidité, courage et unité. L’avenir d’Haïti dépend des choix que nous faisons aujourd’hui. Soyons à la hauteur de nos enfants qui méritent un pays en paix, stable et prospère. C’est possible, mais il faut le vouloir et agir. »
Me Jean Senat Fleury


