L’administration publique haïtienne vient d’envoyer un signal fort à tous les opérateurs économiques engagés dans les procédures de passation de marchés publics. Dans une note rendue publique le 14 mai 2025, la Commission Nationale des Marchés Publics (CNMP), rattachée à la Primature, a annoncé des sanctions administratives sévères à l’encontre de deux entreprises opérant dans le domaine de la restauration.
La décision concerne Spirale Gourmande, représentée par Marie Paulette Léonard, et Itinéraires Gourmands, dirigée par Youzelande Étienne Robert. Ces deux entités ont été exclues des commandes publiques pour une durée de trois ans, après avoir été reconnues coupables de collusion dans le cadre d’un processus d’attribution de marché pour la Police Nationale d’Haïti (référencé PNH-2425-TF-AOON-S-1/01/11).
Dans le document officiel, la CNMP évoque l’alinéa 14 de l’article 10 de la loi du 10 juin 2009 qui encadre les marchés publics. La Commission a jugé que des irrégularités majeures ont été constatées dans l’exécution du processus, violant ainsi les principes d’équité, de transparence et de saine concurrence. Il ne s’agit donc pas d’une simple mesure technique, mais bien d’une réponse institutionnelle à une dérive jugée grave dans la gestion des fonds publics.
L’exclusion n’est pas qu’une mesure administrative. Elle vient rappeler que les entreprises évoluant dans les sphères contractuelles de l’État doivent se soumettre aux règles les plus strictes de la gouvernance. D’autant plus que les faits reprochés touchent directement un secteur sensible : la restauration destinée aux forces de l’ordre. Dans un contexte national miné par les soupçons de corruption à répétition, cette affaire renforce l’exigence d’intégrité dans la gestion des affaires publiques.
La CNMP précise que cette sanction ne préjuge en rien des poursuites pénales et civiles que pourraient encourir les responsables, au regard de la loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption. Il appartient désormais aux autorités compétentes d’évaluer si d’autres suites judiciaires doivent être engagées.
Alors que les projecteurs sont souvent tournés vers les grands scandales impliquant des montants astronomiques, cette affaire montre que les mécanismes de contrôle peuvent aussi s’appliquer dans des cas plus discrets mais tout aussi significatifs. Les pratiques de collusion, aussi banalisées soient-elles dans certains milieux, trouvent ici une réponse ferme.
Dans les cercles concernés, cette mesure fait déjà figure de précédent. Elle appelle à plus de vigilance, plus de transparence et surtout à une révision des pratiques, alors que l’administration cherche à restaurer un minimum de crédibilité dans ses appels d’offres.
L’État observe. Et désormais, il agit.