Tuesday, July 1

À un moment où le pays réclame des gestes forts et un cap clair, le Conseil présidentiel de transition semble s’embourber dans ses propres contradictions. Des correspondances internes rendues publiques ces derniers jours exposent un malaise profond entre ses membres, où les rivalités prennent souvent le pas sur l’intérêt collectif. Ce climat de méfiance, nourri par des désaccords de plus en plus visibles, fragilise davantage une structure déjà perçue comme instable et éloignée des véritables priorités nationales.

Tout a commencé par une lettre adressée au coordonnateur du Conseil, Fritz Alphonse Jean, par trois membres influents du CPT : Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin. Ces derniers y mettent en garde contre toute tentative d’organiser un Conseil des ministres sans le quorum prévu, soit la présence d’au moins cinq conseillers ayant droit de vote. Selon eux, toute initiative en dehors de ce cadre légal serait irrégulière et pourrait aggraver les tensions déjà existantes.

La riposte ne s’est pas fait attendre. Dans une correspondance en retour, co-signée par Fritz Alphonse Jean lui-même, aux côtés de Leslie Voltaire, Frinel Joseph et Edgard Leblanc, les signataires mettent en avant un principe de continuité de l’État, au-delà des règles de quorum strictes. Citant le décret du 23 mai 2024, ils rappellent que ce texte offre des alternatives en cas de blocage, et prévoit même des procédures pour surmonter l’absence de consensus.

Sous un ton feutré, la réponse laisse poindre une menace implicite : si l’immobilisme continue à s’installer au sein du CPT, des décisions pourraient être prises malgré certaines absences. Et surtout, elle ne manque pas de rappeler à certains leurs antécédents dans des affaires sensibles, comme le scandale de corruption à la Banque Nationale de Crédit — un rappel à peine voilé sur la fragilité de leur légitimité politique.

Ce climat délétère intervient alors que le pays traverse une crise institutionnelle sans précédent, et que des réformes cruciales attendent d’être discutées. Le Conseil des ministres prévu pour ce mardi doit notamment se pencher sur une nouvelle mouture du Code pénal, incluant des dispositions sur la lutte contre le terrorisme et la corruption. Un texte important, qui nécessite un large consensus pour pouvoir être adopté sans controverse.

Pour l’heure, malgré les divergences manifestes et les tensions internes, la réunion devrait se tenir comme prévu. Mais dans quelles conditions ? Et avec quels résultats ? Rien n’est moins sûr. Car derrière les appels au dialogue et au respect des procédures, c’est une lutte d’influence qui semble désormais s’installer au sommet de l’État.

Dans un pays en quête d’unité et de redressement, les tiraillements au sommet pourraient bien finir par étouffer les maigres espoirs d’un retour à la normalité.

Share.
© 2025 Journal la Diaspora. Designed by Media Innovation.
Exit mobile version