Le paysage politique haïtien, déjà miné par des scandales et des divisions internes, semble sur le point de basculer dans une nouvelle ère d’incertitude. Les voix régionales, de plus en plus préoccupées par l’absence de résultats concrets du pouvoir intérimaire, plaident désormais pour une reconfiguration du processus de transition.
Dans les coulisses diplomatiques, la CARICOM et l’Organisation des États américains (OEA) multiplient les discussions pour envisager des ajustements profonds. L’objectif affiché : restaurer une forme de légitimité politique dans un pays où la gouvernance s’effrite, et où la population, prise au piège d’une crise sécuritaire aiguë, ne perçoit plus d’horizon clair.
Des sources proches du dossier évoquent l’organisation prochaine d’une rencontre stratégique entre les acteurs influents du dossier haïtien. À l’ordre du jour : l’avenir du Conseil présidentiel de transition (CPT). La pression monte, alors que la CARICOM souhaite pouvoir présenter, à l’occasion de la prochaine assemblée générale de l’OEA prévue à Antigua du 25 au 27 juin, un plan de sortie de crise crédible et acceptable.
Plusieurs options sont actuellement à l’étude. L’une d’elles consisterait à revoir la composition du CPT, en excluant les membres affectés par des controverses ou jugés peu fiables. Une autre hypothèse, plus radicale, envisagerait la création d’une présidence unique, incarnée par une figure issue du système judiciaire, accompagnée d’un gouvernement renouvelé, composé de personnalités jugées compétentes et intègres.
En toile de fond, un constat fait désormais l’unanimité : depuis l’installation du pouvoir de transition, les attentes de la population restent sans réponse. Les promesses de rétablissement de l’ordre et de retour à la stabilité paraissent toujours aussi lointaines, tandis que la violence continue de gagner du terrain dans plusieurs régions du pays.
À mesure que les échéances internationales approchent, le besoin d’un repositionnement politique devient pressant. Entre recomposition des structures existantes et quête de nouvelles figures de confiance, l’avenir de la transition haïtienne pourrait bien se jouer dans les jours à venir, loin des projecteurs, mais sous haute surveillance régionale.
