Tuesday, July 1

Aux États-Unis, une application mobile gratuite qui alerte les migrants de la présence d’agents de l’immigration connaît un succès fulgurant. Tandis que ses défenseurs y voient un outil de survie, les autorités dénoncent un danger pour la sécurité de leurs agents.

Lancée en toute discrétion, l’application ICEBlock fait désormais grand bruit aux États-Unis. Son principe : permettre aux utilisateurs de signaler en temps réel la présence d’agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) et d’alerter toute personne se trouvant dans un rayon de cinq miles (environ huit kilomètres). Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et la reprise des grandes opérations de contrôle migratoire, l’application suscite un engouement rapide, avec plus de 30 000 utilisateurs actifs, selon son développeur.

Un outil de prévention communautaire

Disponible uniquement sur iOS, ICEBlock permet aux utilisateurs de publier une alerte concernant une activité suspectée de l’ICE : localisation, description des agents, véhicules utilisés. L’alerte est transmise sous forme de notification à tous les utilisateurs à proximité. Chaque alerte disparaît au bout de cinq heures, et les publications sont limitées à une toutes les cinq minutes par utilisateur, afin de prévenir les abus.

« Ce n’est pas une attaque contre l’ICE, mais une façon de tenir les communautés informées », affirme Joshua Aaron, créateur de l’application. « Quand j’ai vu ce qui se passait dans ce pays, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose. »

Lui-même citoyen américain, Aaron insiste sur le fait qu’il ne collecte aucune donnée personnelle de ses utilisateurs : pas de noms, pas de numéros de téléphone, pas d’adresses IP, pas même de géolocalisation précise.

Son objectif : aider les migrants, documentés ou non, à éviter des rencontres fortuites avec les agents fédéraux, souvent perçues comme traumatisantes.

La colère de l’ICE

La montée en puissance de l’application ne passe pas inaperçue auprès des autorités. Le lundi 30 juin, dans une déclaration officielle, le directeur de l’ICE, Todd Lyons, a vivement dénoncé l’initiative, tout en critiquant certains médias comme CNN pour en avoir parlé favorablement.

« Nos agents sont déjà confrontés à une hausse des agressions pouvant atteindre 500 %. Parler d’une telle application à la télévision revient à encourager les violences contre eux », a déclaré Lyons. Il accuse les médias de chercher intentionnellement à « mettre en danger la vie de nos agents » et de « permettre à des étrangers criminels et dangereux d’échapper à la loi ».

Une application controversée, mais populaire

ICEBlock s’inscrit dans un climat tendu. Depuis janvier 2025, plus de 100 000 personnes ont été arrêtées par l’ICE, selon CBS News. Les critiques à l’encontre de l’agence se multiplient, pointant des violations présumées des droits civils et un manque de respect des procédures légales.

Pour ses partisans, ICEBlock répond à un besoin concret : rester informé, rester en sécurité. Pour ses détracteurs, c’est une entrave au travail des autorités et une menace potentielle pour les forces de l’ordre.

Au cœur du débat migratoire américain, ICEBlock divise profondément. Application de survie pour les uns, provocation dangereuse pour les autres, elle incarne les tensions croissantes entre surveillance, sécurité et droit à l’information.

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