Dans un contexte de crise persistante, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a changé de coordination ce jeudi 7 août 2025. À la Villa d’Accueil de Musseau, Fritz Alphonse Jean a passé le relais à Laurent Saint-Cyr, représentant du secteur privé, désormais chargé de piloter la dernière ligne droite de la transition politique haïtienne.
La cérémonie de passation, sobre mais symbolique, marque un tournant important à six mois de l’échéance fixée au 7 février 2026. Laurent Saint-Cyr, troisième président du CPT en moins d’un an, prend les rênes d’un organe souvent critiqué pour son manque de résultats concrets. Le nouveau coordonnateur arrive avec un discours résolument tourné vers l’action.
« Ce n’est plus le temps des discours. Il faut agir », a-t-il lancé dès son installation, appelant à l’unité nationale pour faire face aux urgences.
Une mission à haute tension
Conformément à l’accord du 3 avril 2024, le Conseil présidentiel de transition est chargé d’une feuille de route claire celle de rétablir la sécurité, engager la réforme constitutionnelle, relancer l’économie et organiser les élections. Quatre priorités qui, jusqu’ici, peinent à se matérialiser.
Laurent Saint-Cyr a rappelé que son seul engagement est envers la nation, et que sa direction est guidée exclusivement par l’intérêt général. Il entend relancer le dialogue inter-haïtien avec tous les secteurs, anciens chefs d’État, premiers ministres, société civile pour tenter de sortir le pays de l’impasse.
« Le pays ne pourra pas avancer sans cohésion. Il faut se parler pour reconstruire ensemble », a-t-il insisté.
La sécurité, toujours la priorité absolue
Dans un pays en proie à la violence armée, le nouveau président du CPT a martelé que « les gangs n’auront pas le dernier mot ». Il promet de renforcer les actions conjointes des forces de sécurité haïtiennes, Police nationale (PNH) et Forces armées (FAD’H) avec l’appui de la mission multinationale de soutien à la sécurité.
Un hommage appuyé a été rendu aux agents de l’ordre tombés dans l’exercice de leurs fonctions et à ceux engagés contre la coalition criminelle « Viv Ansanm ». Laurent Saint-Cyr a également évoqué la relance des programmes de désarmement, élément clé pour la restauration de l’autorité de l’État.
Crise humanitaire et relance économique
Le nouveau coordonnateur a exprimé sa préoccupation pour les familles déplacées par la violence, appelant le gouvernement à une meilleure prise en charge de cette crise humanitaire. Il a également souligné l’urgence de relancer l’économie nationale, sinistrée par des années d’instabilité.
Fritz Alphonse Jean, qui cède sa place après cinq mois à la tête du Conseil, s’est félicité d’avoir « rempli son devoir ». Il a évoqué des efforts en soutien à la PNH et remercié ses collègues, tout en saluant le travail de Leslie Voltaire, coordonnateur précédent. Mais dans les faits, le passage de Fritz Jean aura laissé peu de traces marquantes. Aucune réforme d’ampleur, peu de signaux forts, et une gouvernance perçue comme attentiste. Son départ survient alors que le pays traverse une phase critique : institutions affaiblies, insécurité galopante, paralysie économique.
Une dernière chance pour la transition ?
Avec l’arrivée de Laurent Saint-Cyr, Haïti entre dans ce qui pourrait être la dernière étape de la transition avant les élections promises. Le nouveau coordonnateur arrive avec un langage plus direct et une volonté affichée de rompre avec l’inaction.
Reste à voir si cette volonté pourra se transformer en actes, dans un contexte où les vents contraires restent puissants : violences armées, méfiance politique, désillusion citoyenne, pression internationale. En somme, un capitaine nouveau pour un navire toujours en perdition.