Une dizaine d’équipes de jeunes développeurs haïtiens participeront, du 28 au 30 novembre 2025, à un hackathon organisé par Syntax Studio et Akademi. L’initiative vise à encourager la jeunesse à concevoir des outils numériques capables d’apporter des réponses concrètes aux défis du pays.
L’événement se tiendra à Port-au-Prince et réunira des étudiants, des programmeurs débutants et des passionnés de technologie. Pendant deux jours, les participants travailleront en équipe pour développer des projets inspirés de la réalité haïtienne, dans des domaines tels que la santé, l’éducation, l’agriculture ou les services communautaires.
« Haïti regorge de jeunes esprits brillants, mais ils manquent souvent d’opportunités et de plateformes pour s’exprimer à travers la technologie », a déclaré Kenley Jean, entrepreneur technologique et fondateur d’Ayiti AI, dans un entretien accordé au Journal La Diaspora.
« Notre ambition est claire : que les solutions de demain, pour Haïti et au-delà, soient créées par des Haïtiens », poursuit-il. Selon lui, l’objectif principal est de « créer un espace d’apprentissage et de collaboration pour les jeunes talents du pays ». « Nous voulons leur donner les moyens d’imaginer et de réaliser des solutions locales, utiles et accessibles », ajoute-t-il.
Chaque équipe, composée de deux à trois membres, sera sélectionnée sur dossier selon trois critères : la motivation, la capacité technique et la pertinence du projet. Les participants bénéficieront ensuite d’un accompagnement et d’ateliers préparatoires avant la compétition.
Kenley Jean précise que ce hackathon ne s’adresse pas uniquement aux experts, mais à tous ceux qui souhaitent apprendre et se familiariser avec les outils technologiques modernes. « L’important, c’est la créativité et la volonté de proposer des idées concrètes pour Haïti », souligne-t-il.
Le défi du hackathon Syntax–Akademi
À l’issue de la compétition, les projets seront évalués par un jury composé de professionnels du secteur. Les critères porteront sur l’originalité, la faisabilité et l’impact social des propositions. Trois équipes lauréates recevront des prix techniques et bénéficieront d’un suivi pour poursuivre le développement de leurs projets.
L’École Supérieure d’Infotronique d’Haïti (ESIH) soutient déjà l’initiative, aux côtés de plusieurs entrepreneurs et formateurs locaux. Les organisateurs espèrent que cette activité contribuera à bâtir une communauté solide autour de la technologie et de l’innovation dans le pays.
« Ce que nous voulons avant tout, c’est motiver les jeunes à apprendre, à collaborer et à créer », ajoute M. Jean. « Ce n’est qu’un début, mais c’est une étape importante vers une culture de production et d’innovation locale », estime l’ingénieur logiciel.
« Nous voulons que les jeunes comprennent que la technologie n’est plus réservée aux grandes entreprises ou aux laboratoires de recherche », précise encore Kenley Jean. « Les outils existent, les modèles sont accessibles. Il suffit d’une connexion Internet et de la volonté d’apprendre », a-t-il relaté.
L’innovation s’écrit en créole : un hackathon pour penser Haïti autrement
Parmi les idées déjà évoquées figurent des chatbots médicaux capables de répondre en créole, des outils éducatifs personnalisés, des plateformes communautaires ou encore des applications agricoles permettant d’aider les paysans à détecter les maladies des plantes.
En dépit des difficultés d’accès à la formation et aux ressources, les initiateurs du projet croient que ce type d’événement peut devenir un levier de motivation pour de nouvelles vocations et renforcer la présence haïtienne dans le domaine des technologies.
Au-delà de l’aspect technique, ce hackathon envoie un signal fort : celui d’une jeunesse qui refuse de rester spectatrice. Une jeunesse prête à apprendre, à collaborer et à bâtir.
« Nous faisons notre part, et nous construisons pour que d’autres puissent construire après nous », conclut Kenley Jean. « C’est ainsi qu’on bâtit un avenir durable : pas avec des promesses, mais avec des actions concrètes », prêche t-il.
Mederson Alcindor
