Alors que les violences liées aux gangs continuent de plonger Haïti dans le chaos, les Nations Unies ont inscrit ce 9 juillet 2025, deux groupes armés parmi les plus puissants du pays, la coalition Viv Ansanm et le gang Gran Grif, sur leur liste mondiale de sanctions. Cette décision du Conseil de sécurité vient renforcer une mesure similaire prise en mai dernier par le gouvernement américain, qui avait déjà classé ces groupes comme organisations terroristes étrangères et internationales.
Ces sanctions visent à limiter les déplacements de leurs membres et à bloquer leurs ressources financières, dans l’espoir d’entraver leur capacité d’action. Viv Ansanm et Gran Grif sont notamment actifs dans la capitale Port-au-Prince, ainsi que dans les départements du Centre et de l’Artibonite, des zones déjà fortement affectées par l’instabilité.
Violence croissante et vulnérabilité accrue
Depuis le début de l’année 2025, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a recensé plus de 4 000 assassinats, une augmentation de 24 % par rapport à la même période en 2024. De larges portions du territoire restent sous contrôle armé, rendant les déplacements difficiles, paralysant l’économie et accentuant la précarité.
Parallèlement, plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées de force à travers le pays. La recrudescence des violences touche de plein fouet les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes et les filles, exposées à des risques accrus de violences sexuelles et d’exploitation.
Haïti isolée et sans gouvernance
Lors d’un exposé au Conseil de sécurité, Miroslav Jenča, sous-secrétaire général de l’ONU pour les Amériques, a dressé un tableau alarmant de la situation à Port-au-Prince. Selon lui, la capitale haïtienne est quasi paralysée par l’emprise des gangs et de plus en plus coupée du reste du monde, en raison de la suspension prolongée des vols internationaux vers l’aéroport principal.
Depuis Vienne, Ghada Fathi Waly, directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a tiré la sonnette d’alarme sur l’effondrement progressif de l’autorité de l’État haïtien. « Plus les gangs gagnent du terrain, plus l’État perd sa capacité à gouverner », a-t-elle déclaré. Elle a aussi alerté sur l’impact économique de cette crise, soulignant que les principales routes commerciales sont désormais contrôlées par des groupes criminels, ce qui aggrave une insécurité alimentaire déjà dramatique.
Nouveau pic de déplacés dans le Centre d’Haïti
Les violences récentes ont entraîné de nouveaux déplacements massifs dans le département du Centre, notamment dans les communes de Thomassique et Lascahobas. Selon les chiffres officiels, plus de 16 250 personnes (4 003 ménages) ont fui ces zones.
La majorité d’entre elles se sont réfugiées dans les communes voisines : Belladère (57 %), Hinche (14 %), Savanette (8 %). D’autres ont traversé vers Cornillon Grand-Bois, dans le département de l’Ouest (18 %). Parmi ces déplacés, 98 % ont trouvé refuge auprès de familles d’accueil, tandis que les 2 % restants ont dû s’installer dans sept camps de fortune récemment érigés.
Haïti fait face à une crise multidimensionnelle, mêlant insécurité armée, déplacement massif de population et effondrement des institutions publiques. Face à cette situation, la communauté internationale intensifie ses pressions contre les groupes armés. Cependant, de nombreux observateurs soulignent que la restauration de l’ordre public, de la gouvernance et des services essentiels représente un défi immense, à court comme à long terme.