Le 14 mai 2025, la République Dominicaine et l’Espagne ont signé un nouvel accord de coopération pour les années 2025 à 2029. Cet engagement marque une étape supplémentaire dans un partenariat structuré autour du développement durable, du renforcement institutionnel et d’une planification à long terme. À quelques kilomètres de là, Haïti, pourtant aussi partenaire historique de la coopération espagnole, reste confinée à une assistance fragmentaire à visée essentiellement humanitaire.
Le nouvel accord hispano-dominicain mobilise un montant de 110 millions d’euros, répartis entre prêts remboursables pour des projets structurants — gestion des déchets, accès à l’eau — et dons orientés vers des objectifs précis : consolidation de l’État de droit, éducation technique, protection des droits humains, et lutte contre les effets du changement climatique. Les deux parties parlent d’une coopération “transformatrice” et “efficace”. Et les engagements sont clairs.
En Haïti, la coopération espagnole n’est pas absente. Elle est même ancienne et continue. Toutefois, elle prend une tout autre forme. Les 59,2 millions d’euros déployés jusqu’en 2024 concernent principalement des projets humanitaires ou sociaux : appui à l’éducation de base, assistance alimentaire, réhabilitation d’infrastructures sanitaires, ou réponses aux situations d’urgence. Ces actions, bien que précieuses, traduisent une réponse à des crises, non une anticipation des défis de demain.
La comparaison fait mal. D’un côté, une coopération bâtie sur la stabilité et la planification. De l’autre, un soutien ponctuel, souvent dicté par l’urgence. Ce décalage pose une question essentielle : pourquoi Haïti, malgré son statut de pays prioritaire pour la coopération espagnole depuis presque deux décennies, ne parvient-elle pas à mobiliser une assistance plus stratégique ?
L’une des réponses possibles tient dans l’absence d’un cadre de gouvernance clair, capable d’initier des programmes solides, durables et techniquement défendables. Sans vision étatique forte, sans capacité de négociation ni continuité dans l’action publique, les opportunités de coopération restent limitées à la survie, là où elles pourraient viser la transformation.
Alors que la République Dominicaine formalise des accords ambitieux avec ses partenaires européens, Haïti continue d’évoluer sous assistance médicale et sociale. Ce n’est pas la faute des bailleurs. C’est un révélateur du vide stratégique du côté haïtien. La coopération ne se limite pas à des dons : elle repose d’abord sur un dialogue structuré et une volonté politique affirmée.
Pour sortir de cette spirale, il faudra autre chose que de bonnes intentions : une gouvernance stable, des priorités claires et une capacité à bâtir des alliances durables.