Le célèbre Hôtel Oloffson, monument historique de Port-au-Prince, a été réduit en cendres dans la soirée du samedi 5 juillet 2025. Selon plusieurs sources concordantes, l’incendie serait d’origine criminelle et attribué à des membres de la coalition armée « Viv Ansanm », qui contrôle une grande partie de la capitale.
Situé à Carrefour-Feuilles, l’hôtel n’était plus fonctionnel depuis des mois en raison de l’insécurité. Samedi soir, des hommes lourdement armés ont pénétré dans l’enceinte, mis le feu à la structure et empêché toute tentative d’intervention. Aucun secours n’a pu accéder au site. Le bâtiment, construit à la fin du XIXe siècle, n’a pas survécu.
Ancienne résidence présidentielle, transformée en hôpital militaire américain durant l’occupation de 1915-1934, puis en hôtel dès les années 1930, l’Oloffson faisait partie des derniers témoins matériels de l’histoire et de la culture haïtienne. Il avait accueilli des personnalités mondiales – Mick Jagger, Graham Greene, Katherine Dunham, les Clinton, entre autres – et abrité les soirées du groupe RAM, fondé par Richard A. Morse, qui en était aussi le gestionnaire.
Aujourd’hui, l’hôtel est réduit à un tas de décombres, et avec lui s’éteint une part précieuse de l’identité nationale.
Ce drame survient dans un contexte d’effondrement sécuritaire total. La capitale est livrée aux gangs armés, qui dictent leur loi dans l’indifférence de l’État. Le gouvernement, absent du terrain, semble avoir perdu tout contrôle sur la zone métropolitaine. Des institutions, des écoles, des églises, des hôpitaux et désormais les symboles historiques sont attaqués sans que cela ne déclenche de réponse significative.
La destruction de l’Oloffson vient allonger la liste noire des pertes culturelles : après le Rex Théâtre, la Villa Saint-Louis, l’Habitation Leclerc ou encore Le Manoir, c’est une nouvelle page de l’histoire d’Haïti que des bandits viennent de brûler.
En Haïti aujourd’hui, ce ne sont plus les lois de la République qui gouvernent la capitale, mais celles des armes. L’incendie de l’Hôtel Oloffson ne symbolise pas seulement la perte d’un monument, mais l’agonie d’un pays sans État.