Wednesday, July 9

Quatre ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse, son fils aîné, Joverlein Moïse, brise le silence. Dans une interview exclusive accordée au journaliste Guy Wewe, il livre un témoignage saisissant, empreint de peur, de confusion et de solitude. Il raconte avoir été pris pour cible par des tirs, puis refoulé aux portes de l’ambassade américaine, malgré son passeport diplomatique et son identité de fils du président assassiné.

Selon ses dires, peu après le drame survenu à Pèlerin 5 dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, il tente de fuir en urgence avec sa femme, leur fille de trois ans et deux collaborateurs. Leur véhicule est attaqué sur la route menant à l’ambassade des États-Unis à Tabarre. Une fois sur place, il affirme être resté bloqué pendant dix heures, sans assistance, malgré la présence de seize agents de sécurité qui l’accompagnaient. « J’étais sur le parking avec ma fille dans les bras. Ils ne m’ont jamais laissé entrer », déclare-t-il, visiblement encore sous le choc.

Ce témoignage ravive les interrogations sur la gestion des heures critiques ayant suivi l’assassinat et sur l’attitude de la communauté internationale. Pourquoi l’ambassade américaine n’a-t-elle pas ouvert ses portes à un fils de chef d’État ? Pourquoi aucun soutien ne lui a été offert ? Ces questions, toujours sans réponse, jettent une lumière crue sur les défaillances institutionnelles et diplomatiques de cette nuit décisive.

À travers ce récit, c’est une image glaçante qui se dessine : celle d’une famille présidentielle livrée à elle-même, dans un pays plongé dans le chaos. Pour Joverlein Moïse, cet épisode reflète l’abandon total dont lui et ses proches ont été victimes. « Malgré mon statut et les risques évidents, on m’a laissé dehors, sans aide, pendant dix heures », insiste-t-il.

Au-delà du choc personnel, ce témoignage souligne l’impunité persistante dans l’affaire. Si plusieurs auteurs présumés du crime ont été jugés aux États-Unis notamment des mercenaires colombiens, l’enquête nationale reste embourbée. Aucune lumière n’a été faite sur les commanditaires locaux. À Port-au-Prince, les responsables politiques ou économiques soupçonnés demeurent intouchables et intouchés.

« Quatre ans ont passé. Et pourtant, nous, la famille du président assassiné, vivons encore dans le brouillard de cette nuit », confie Joverlein. Il insiste sur le fait que sa démarche n’est pas qu’un cri du cœur, mais un appel à la justice, non seulement pour son père, mais pour tout le pays. « Nous attendons toujours la vérité. Pas seulement pour mon père, mais pour Haïti. »

Alors que les commémorations du 7 juillet prennent une nouvelle dimension cette année, cette parole rare et intime vient rappeler que les blessures de 2021 sont loin d’être refermées. L’histoire du président Moïse et de sa famille reste, pour l’instant, une page inachevée de la quête de justice en Haïti.

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