vendredi, mai 23

Mardi 20 mai 2025, une nouvelle réunion s’est tenue autour de la filière avicole haïtienne, réunissant plusieurs figures du secteur, dont le Conseiller-Président Leslie Voltaire, le ministre de l’Agriculture Vernet Joseph, des représentants d’éleveurs ainsi que des entreprises privées. À l’ordre du jour : les difficultés structurelles qui minent la production nationale d’œufs et de volailles, dans un contexte économique déjà fragilisé.

Le constat partagé par les participants est connu depuis longtemps, mais reste d’une acuité implacable : près de 90 % des intrants utilisés dans l’aviculture en Haïti – aliments pour volailles, poussins, équipements – sont importés. Cette dépendance rend le secteur extrêmement vulnérable, tant aux fluctuations des marchés mondiaux qu’aux crises logistiques et monétaires. Résultat : les petits éleveurs, déjà affectés par l’inflation et l’insécurité, se retrouvent chaque jour un peu plus au bord du gouffre.

Face à cette situation, les autorités ont évoqué une nouvelle fois l’idée d’une « stratégie de substitution aux importations ». Celle-ci inclurait des mesures incitatives comme la baisse de certaines taxes et un meilleur accès au crédit pour les producteurs locaux. Des pistes saluées sur le papier, mais qui, pour beaucoup d’acteurs présents, relèvent davantage de la rhétorique que d’une réelle volonté de transformation.

« Cela fait des années qu’on parle de soutien à la production nationale, mais sur le terrain, rien n’évolue. Tant qu’il n’y aura pas d’infrastructures solides, ni un accompagnement concret, on restera dans les mêmes difficultés », a lâché un éleveur, préférant garder l’anonymat.

Le ministre de l’Agriculture, Vernet Joseph, a souligné l’urgence de réduire le coût de l’alimentation animale, qui peut représenter jusqu’à 70 % des dépenses d’un éleveur. Pourtant, aucun mécanisme précis n’a été présenté pour répondre à cette urgence. La question cruciale de la concurrence déloyale des produits importés, notamment en provenance de la République dominicaine, n’a été qu’effleurée, alors qu’elle est au cœur du problème de compétitivité.

D’autres participants ont pointé du doigt l’absence de dispositifs de contrôle pour éviter les dérives dans l’allocation des ressources publiques, évoquant les précédents douloureux de programmes agricoles détournés ou inefficaces.

En clôturant la séance, le Conseiller-Président Voltaire a appelé à une « collaboration renforcée » entre les institutions publiques et les acteurs privés du secteur, promettant des « actions concrètes » dans un avenir proche. Mais là encore, aucun calendrier, aucun budget, ni engagement ferme n’a été dévoilé.

Pour beaucoup d’observateurs, cette réunion ressemble à d’autres, tenues dans le passé, qui n’ont accouché que de promesses sans lendemain. Le besoin de rupture avec ces pratiques répétitives devient urgent. Il ne s’agit plus seulement d’annoncer des mesures, mais de les mettre en œuvre de manière transparente, planifiée, et avec une réelle volonté politique.

Tant que les éleveurs continueront à évoluer dans un système déséquilibré, sans soutien logistique, sans protection contre les importations, et sans accès à des intrants abordables, la filière avicole haïtienne restera en péril. Le temps des discours est passé. Place désormais à l’action.

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