samedi, juin 14

Le mois de juin marque la fête des pères, une célébration qui passe souvent inaperçue, particulièrement en Haïti. Dans de nombreuses familles, on souligne à peine cette journée, comme si la figure paternelle était secondaire, moins digne d’attention ou d’amour. Pourtant, derrière cette image discrète se cache un rôle essentiel, trop souvent ignoré.

En Haïti, la paternité est souvent perçue comme une obligation silencieuse : un père doit être fort, dur, inébranlable. Il ne pleure pas, ne se plaint pas, et surtout, il ne faiblit pas. Beaucoup d’hommes grandissent avec cette idée gravée dans l’âme. Ils assument, sans jamais parler. Ils encaissent, sans jamais demander. Ils protègent, sans jamais se reposer. Ce modèle de virilité imposé les pousse à étouffer leurs émotions et à souffrir en silence.

Ce que l’on ne dit pas assez, c’est que derrière chaque homme fort, il y a parfois une détresse profonde. À l’échelle mondiale, les chiffres sont édifiants : les hommes meurent par suicide deux fois plus que les femmes. En 2019, le taux de suicide mondial chez les hommes était de 12,6 pour 100 000 habitants, contre 5,4 pour les femmes. Aux États-Unis, la situation est encore plus alarmante : 4 suicides sur 5 concernent des hommes. En 2022, leur taux atteignait 22,9 pour 100 000, contre 5,9 chez les femmes.

Ces chiffres ne sont pas que des statistiques. Ils racontent une réalité que beaucoup refusent de voir : celle de pères, de frères, d’amis qui, malgré leur apparente solidité, s’effondrent intérieurement. Ils portent le poids de la famille, des attentes sociales, de la pression économique, souvent sans espace pour exprimer leurs peurs, leurs doutes, ou leur épuisement.

Être père en Haïti, c’est souvent devoir se sacrifier en silence. C’est faire des choix impossibles entre nourrir ses enfants et payer une facture. C’est parfois s’effacer pour que d’autres brillent. Pourtant, leur présence, même discrète, façonne les enfants, donne des repères, crée des sécurités invisibles.

Ce mois de juin, il est peut-être temps de regarder nos pères autrement. De leur dire merci. De reconnaître leur rôle. Pas seulement comme celui qui paie l’école ou construit la maison, mais comme un pilier humain, vulnérable parfois, mais toujours debout pour les siens.

Célébrer la fête des pères, ce n’est pas offrir un cadeau. C’est reconnaître une existence, un combat quotidien, une forme d’amour souvent muette mais profonde. Et surtout, c’est rappeler que les pères aussi ont besoin d’écoute, de soutien, et d’espace pour être pleinement humains.

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