Dans la ville des Cayes, ce 9 juin 2025, une initiative à la fois ambitieuse et profondément symbolique a pris forme. Le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF), en partenariat avec le Fonds des nations unies pour la population (UNFPA), a lancé une semaine d’ateliers consacrée à la sensibilisation et à la formation de cent hommes issus des dix-huit communes du Sud, autour d’une cause longtemps portée par les femmes, mais qui exige aujourd’hui une implication partagée : la lutte contre les violations des droits des femmes.
Le choix du thème « GASON KORE FANM POU FANMI AK SOYETE PWOGRESE » révèle l’esprit de cette démarche : inscrire la masculinité dans une dynamique de soutien, de solidarité et de responsabilité. Loin des discours moralisateurs, cet atelier mise sur l’écoute, l’échange et la pédagogie pour déconstruire les idées reçues et permettre aux participants de comprendre les mécanismes qui entretiennent les inégalités et les violences de genre.
Dès l’ouverture de l’événement, les mots de Claire Yves-Rose Élysée, directrice départementale du MCFDF, ont donné le ton. Sa satisfaction de voir autant d’hommes répondre présents n’était pas feinte. Ce n’est pas tous les jours, en effet, que l’on voit une mobilisation masculine autour de la cause féminine, encore moins dans un contexte où les rapports de pouvoir traditionnels résistent à toute remise en question. Elle a insisté sur la nécessité d’un dialogue honnête et constructif, capable de conduire à une société plus équitable et plus pacifiée. Une société où l’homme cesse d’être perçu comme un simple acteur à rééduquer, mais devient un partenaire à part entière du changement.
Le contenu de l’atelier a été conçu avec soin. Des modules adaptés, des formatrices aguerries comme Evelyne Bien-Aimé ou Yolette Mengual, une progression pensée pour permettre aux participants de passer de la prise de conscience à l’engagement. Chaque session vise à armer ces hommes non seulement de connaissances, mais aussi d’outils concrets pour reconnaître et dénoncer les injustices, pour éduquer, et pour influencer leur entourage.
Dans une intervention particulièrement remarquée, Me Gary Jean-Baptiste, directeur de cabinet a.i. de la ministre Pedrica Saint Jean, a rappelé que la violence faite aux femmes atteint aujourd’hui des niveaux alarmants. Il a souligné le rôle crucial des hommes, non comme relais d’une autorité passée, mais comme catalyseurs d’une transformation sociale profonde. Il a été clair : les droits des femmes ne sont pas une menace, mais une promesse. Une promesse de stabilité, de développement, de justice.
Du côté de l’UNFPA, représentée par Marie Lucie Chaudry, l’accent a été mis sur le changement des mentalités comme condition préalable à toute avancée durable. Égalité dans l’accès aux services, justice dans les rapports sociaux, respect mutuel : les objectifs sont clairs, mais leur réalisation passe par un travail patient, enraciné dans les réalités locales.
La présence de la mairesse des Cayes, Claire Daphnée France, a confirmé l’écho de cette initiative au niveau communal. Car c’est bien dans les quartiers, dans les familles, dans les rues, que les changements doivent se faire sentir.
Ce projet n’est pas un événement ponctuel. Il s’inscrit dans une volonté plus large de structurer un réseau d’hommes engagés, appelés à devenir des figures de référence dans leurs communautés. Des hommes qui ne se contentent pas de bonnes intentions, mais qui prennent position, parlent, agissent et influencent.
Si cette première étape dans le Sud parvient à tenir ses promesses, elle pourrait tracer une voie nouvelle pour d’autres régions du pays. Une voie où l’égalité ne se négocie plus, mais se construit ensemble, avec courage, lucidité et engagement.