mercredi, décembre 24

Le Conseil des ministres, présidé par Laurent Saint-Cyr, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), a adopté, le jeudi 18 décembre 2025, le projet de décret portant organisation et fonctionnement du Ministère des Haïtiens Vivant à l’Étranger (MHAVE). Cette décision met fin à plus de trente ans de vide juridique autour de cette institution créée en 1994. La séance s’est tenue en présence du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, des membres du gouvernement et de plusieurs conseillers-présidents.

Depuis sa création, le MHAVE fonctionnait sans loi organique définissant précisément sa mission, ses attributions et son cadre d’intervention. Cette absence de fondement légal a longtemps limité son efficacité et contribué à maintenir la diaspora haïtienne en marge des politiques publiques, notamment dans la vie politique et institutionnelle du pays, malgré son poids économique et social.

Le décret adopté confère désormais au MHAVE la responsabilité de formuler et de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière d’intégration des Haïtiens vivant à l’étranger, conformément aux orientations générales de l’Exécutif. Le ministère est également chargé de coordonner et de réguler les actions publiques et privées relevant de son champ de compétence.

Parmi les principales attributions prévues figurent la promotion de la participation des Haïtiens vivant à l’étranger à la vie politique, économique, sociale et culturelle, le renforcement de la coopération avec les communautés haïtiennes à l’extérieur, ainsi que l’harmonisation de leurs initiatives avec les programmes nationaux de développement. Le texte prévoit aussi la proposition de réformes légales et administratives visant à garantir l’égalité de tous les citoyens haïtiens devant la loi, ainsi que l’organisation de cadres de concertation entre l’État et la diaspora.

L’adoption de ce décret intervient sous la conduite de la ministre des Haïtiens Vivant à l’Étranger, J.E. Kathia Verdier. Pour les autorités, cette mesure constitue une étape dans la structuration de l’action de l’État envers une diaspora longtemps cantonnée à un rôle économique, sans réelle intégration aux mécanismes de décision publique.

La diaspora haïtienne demeure pourtant un acteur central de la vie nationale et internationale. Ses transferts de fonds représentent près de 20 % du produit intérieur brut du pays et constituent une source essentielle de revenus pour des millions de ménages. Présents dans les Amériques, en Europe, en Afrique et dans la Caraïbe, les Haïtiens de l’extérieur sont actifs dans des secteurs variés, allant de l’agriculture à la culture, en passant par l’entrepreneuriat, la recherche et la gestion publique.

Dans un contexte marqué par l’insécurité, la fragilité institutionnelle et une crise humanitaire persistante, le rapprochement entre l’État et la diaspora apparaît comme un enjeu stratégique. Le renforcement de ce lien pourrait contribuer aux efforts de relèvement, à la stabilité sociale et à la recherche de solutions durables aux crises que traverse le pays.

Mederson Alcindor

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