vendredi, mai 23

La participation d’Haïti à la quatrième réunion ministérielle du Forum Chine-CELAC, récemment tenue à Pékin, n’a pas manqué de surprendre les observateurs. Bien que le pays entretienne encore des relations diplomatiques officielles avec Taïwan, sa présence aux côtés de 30 autres États membres de la CELAC (Communauté des États latino-américains et caribéens) a attiré l’attention, en raison du contexte géopolitique tendu autour de la Chine et de Taïwan.

Le ministre haïtien des Affaires étrangères, Harvel Jean-Baptiste, s’est retrouvé à Pékin dans un cadre multilatéral, ce que le gouvernement justifie par son appartenance à la CELAC, structure régionale qui dialogue directement avec la Chine dans une logique de coopération Sud-Sud. Pour calmer les inquiétudes, le ministère taïwanais des Affaires étrangères a indiqué avoir été informé à l’avance. Néanmoins, cette démarche soulève des interrogations sur les choix diplomatiques futurs d’Haïti.

Le contexte n’est pas anodin : Pékin poursuit méthodiquement son entreprise de séduction des pays caribéens, en offrant un cadre de coopération avantageux, loin des contraintes imposées par ses adversaires stratégiques. En marge du forum, le président chinois Xi Jinping a dévoilé une série d’engagements majeurs : des crédits au développement, des programmes sociaux, des milliers de bourses d’études et des formations techniques. Ce dispositif massif s’adresse directement aux pays membres de la CELAC, incluant donc Haïti.

Même si aucune annonce officielle ne signale une rupture avec Taïwan, cette ouverture vers la Chine s’inscrit dans une dynamique régionale où plusieurs États revoient leurs alliances à la lumière de leurs intérêts économiques immédiats. Haïti, dans un contexte d’instabilité chronique et de besoin accru en ressources, semble tester prudemment les marges de sa diplomatie. Le choix de maintenir le cap officiel vers Taïwan tout en s’invitant à Pékin reflète cette volonté de garder plusieurs canaux ouverts, sans se prononcer de manière tranchée.

Cette posture n’est pas isolée. D’autres pays caribéens, comme Sainte-Lucie, également alliés de Taïwan, étaient présents à Pékin. Cela laisse entrevoir un réalignement discret mais réel des priorités diplomatiques dans la région.

En toile de fond, une vérité demeure : dans le jeu actuel des puissances, les petits États n’ont d’autre choix que de naviguer entre principes et survie, cherchant à maximiser leurs bénéfices sans rompre avec leurs partenaires traditionnels. La participation d’Haïti au Forum Chine-CELAC n’est peut-être pas un virage immédiat, mais elle marque une étape significative dans une politique étrangère de plus en plus dictée par les impératifs du pragmatisme.

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