vendredi, mai 23

Dans un contexte où la pression internationale s’intensifie autour de la question sécuritaire en Haïti, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique a franchi un pas important. Dans une correspondance officielle en date du 12 mai 2025, adressée au Commissaire du gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Me Frantz Monclair, le ministère exige des mesures conservatoires urgentes contre plusieurs ressortissants haïtiens ciblés par des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Parmi les instructions claires : le gel immédiat de tous les comptes bancaires appartenant aux personnes visées par la résolution 2653 du Conseil de sécurité, ainsi que ceux de leurs supposés complices. Le ministère s’appuie également sur le décret du 30 avril 2023 portant sur la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.

La directive ne s’arrête pas là. Le ministre Pelissier demande aux institutions spécialisées en régulation et contrôle financier d’ouvrir une enquête approfondie sur les activités économiques de ces individus, avec pour objectif de documenter tout réseau ou mouvement illicite. Cette démarche survient alors que l’État haïtien attend toujours des réponses officielles à ses demandes d’entraide pénale internationale, transmises depuis mars aux ambassades des pays ayant pris des sanctions unilatérales contre des citoyens haïtiens.

Parmi les noms cités par les Nations Unies figurent plusieurs figures connues du grand public pour leur implication présumée dans la violence armée et les activités criminelles : Johnson André (dit « Izo »), Jimmy Chérizier (dit « Barbecue »), Renel Destina (dit « Ti Lapli »), Vitel’homme Innocent (dit « Kraze Baryè »), Wilson Joseph (dit « Lanmò San Jou »), Luckson Elan (du gang Gran Grif), et Victor Profane, ancien député.

Cette nouvelle orientation vise à démontrer une volonté politique de coopérer avec la communauté internationale. Une réponse sans doute tardive mais nécessaire, alors que certains membres du Conseil de sécurité, notamment la Chine, ont récemment critiqué le manque de rigueur d’Haïti dans la mise en œuvre des sanctions prévues par la résolution 2653.

Le Président Fritz Jean, lors d’échanges récents, a lui-même demandé au Premier ministre Didier Fils-Aimé de se montrer plus ferme à l’égard des personnes sous sanctions. L’administration en place semble donc vouloir afficher un changement de cap, en donnant à la justice les moyens d’agir. Mais plusieurs interrogations demeurent : ces mesures seront-elles effectivement appliquées ? Le Commissaire Monclair aura-t-il la liberté d’action nécessaire pour mener à bien un dossier aussi sensible ? Saura-t-il faire preuve d’impartialité, dans un environnement politique miné par l’impunité et les pressions ?

L’avenir dira si ce signal d’engagement sera suivi d’effets concrets ou s’il s’agira, une fois de plus, d’un simple geste destiné à rassurer l’international.

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