jeudi, juillet 31

Face à l’aggravation de la crise humanitaire liée à l’insécurité, le Gouvernement haïtien passe à la vitesse supérieure. À l’occasion de la 19e édition des « Mardis de la Nation », les autorités ont présenté les nouvelles mesures mises en place pour soutenir les personnes déplacées internes (PDI), chassées de chez elles par la violence armée.

Le Fonds d’assistance économique et sociale (FAES) a intensifié ses actions sur le terrain. Depuis mars, plus d’un million de plats chauds ont été distribués dans les zones les plus touchées, principalement dans le département de l’Ouest. À ce jour, une quarantaine de restaurants communautaires sont en activité, notamment à Delmas, Bourdon et Canapé-Vert, servant ensemble près de 40 000 repas chaque jour.

En plus de l’aide alimentaire, plus de 21 000 kits contenant des produits alimentaires, sanitaires et des récipients d’eau potable ont été remis aux familles déplacées. Dans le Centre, quatre nouveaux restaurants communautaires ont également été ouverts récemment, avec l’appui des autorités locales.

Herwil Gaspard, ministre chargé de la Solidarité et des Affaires humanitaires, a rappelé que cette crise n’est pas causée par une catastrophe naturelle, mais par l’insécurité. Il a présenté une stratégie gouvernementale en trois volets :

  1. Présence renforcée sur le terrain : Plusieurs institutions travaillent ensemble pour répondre aux besoins des déplacés : FAES pour la nourriture, DINEPA pour l’eau, ONM pour le suivi des déplacés et MSPP pour les soins de santé.
  2. Relogement digne : Le Gouvernement a lancé un programme de subventions pour permettre à certaines familles de quitter les camps et louer un logement plus stable.
  3. Insertion économique et sociale : Des formations professionnelles sont proposées grâce à un partenariat avec l’Institut national de la formation professionnelle (INFP). Certains déplacés travaillent aussi dans les restaurants communautaires, ce qui leur permet de s’impliquer directement dans l’aide apportée.

Un million de personnes concernées

Selon les chiffres de la Protection civile, plus d’un million de personnes sont actuellement déplacées à travers le pays. Environ 180 000 vivent dans des camps, surtout dans l’Ouest, l’Artibonite et le Centre. Le Gouvernement veut aussi venir en aide aux 85 % de déplacés qui vivent hors des camps, souvent oubliés.

Dans cette optique, un nouveau programme baptisé PREJEUNES a été lancé début juillet. Il vise à offrir aux jeunes des quartiers vulnérables des alternatives aux groupes armés, grâce à la création de maisons de jeunes proposant des activités éducatives, sociales et culturelles.

« L’aide humanitaire est indispensable, mais elle ne doit pas créer de dépendance », a souligné le ministre Gaspard. Il envisage d’accompagner les familles vers plus d’autonomie, restaurer un climat de confiance et créer les conditions nécessaires à la stabilité du pays.

Des mécanismes de contrôle, en lien avec la police communautaire, ont été mis en place pour garantir que l’aide atteigne bien les personnes concernées.

Par cette mobilisation, le Gouvernement affirme sa détermination à répondre à l’urgence tout en préparant l’avenir.

Mais sur le terrain, la population attend toujours des résultats concrets.
Depuis plusieurs années, Haïti s’enfonce dans une crise multidimensionnelle sociale, économique, politique et humanitaire aggravée depuis septembre 2022 par l’escalade de la violence armée et la montée en puissance des gangs. En 2025, l’insécurité ne faiblit pas. L’accès à des services de base comme l’alimentation, l’eau potable, les soins de santé ou l’assainissement est gravement compromis. Face à cette réalité, des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile. Malgré les efforts annoncés, le défi reste immense, et la réponse de l’État est scrutée de près.

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