samedi, novembre 1

La romancière haïtienne Yanick Lahens a remporté le Grand Prix du roman de l’Académie française 2025 pour son œuvre Passagères de nuit, publiée aux éditions Sabine Wespieser. La prestigieuse distinction a été attribuée le 30 octobre 2025, à l’autrice au troisième tour de scrutin, par 11 voix contre 10, face à Un pont sur la Seine de Pauline Dreyfus (Grasset) et Le Crépuscule des hommes d’Alfred de Montesquiou (Robert Laffont). Le prix est doté d’une récompense de 10 000 euros.

L’Académie française a salué un roman « d’une rare intensité poétique », où Yanick Lahens explore les trajectoires de femmes haïtiennes et louisianaises au XIXᵉ siècle, unies par les échos de la mémoire, de la résistance et de la dignité. À travers Passagères de nuit, l’écrivaine offre une fresque sensible sur la transmission, les liens invisibles de l’histoire et la quête de liberté dans des sociétés marquées par l’esclavage et les fractures coloniales.

Ce nouveau couronnement consacre une figure majeure de la littérature francophone. Née à Port-au-Prince en 1953, Yanick Lahens s’est imposée comme une voix incontournable de la littérature haïtienne contemporaine. Essayiste, professeure et romancière, elle s’est toujours attachée à raconter Haïti autrement, loin des clichés, en mettant en lumière la complexité de son histoire, la force de ses femmes et la résilience de son peuple.

Elle s’est fait connaître du grand public avec La Couleur de l’aube (2008), portrait de deux sœurs dans un Port-au-Prince tourmenté, puis avec Failles (2010), récit poignant sur le séisme du 12 janvier. Son roman Bain de lune lui a valu le Prix Femina 2014, avant qu’elle ne signe Douces déroutes (2018), une méditation sur la violence, la mémoire et l’identité. En 2019, Yanick Lahens a été la première personnalité à occuper la chaire des Mondes francophones au Collège de France, symbole de la reconnaissance de son œuvre sur la scène internationale.

La distinction de Passagères de nuit par l’Académie française représente une fierté nationale et un rayonnement culturel majeur pour Haïti. Dans un communiqué officiel, le gouvernement haïtien, par la voix du Premier ministre Alix Didier Gils-Aimé, a salué « une ambassadrice du génie créateur haïtien », soulignant que son écriture incarne « la rigueur intellectuelle, la profondeur d’inspiration et la dignité du peuple haïtien ».

Pour beaucoup d’observateurs, cette reconnaissance souligne la place essentielle de Yanick Lahens dans la littérature mondiale, une écrivaine de la mémoire et de la transmission, dont l’œuvre relie les douleurs du passé à l’espérance du présent. À travers Passagères de nuit, elle continue de tisser le fil de la résistance, de la parole féminine et de l’identité créole des thèmes qui constituent la signature d’une plume parmi les plus fortes de la francophonie contemporaine.

Mederson Alcindor

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