Le Programme alimentaire mondial (PAM) tire la sonnette d’alarme sur une détérioration rapide de la situation alimentaire en Haïti, à la suite du passage de l’ouragan Mélissa. L’agence onusienne fait état d’une forte baisse du pouvoir d’achat dans les zones sinistrées et d’importants dégâts sur les cultures vivrières.
Dans un communiqué publié ce vendredi 7 novembre 2025, le PAM rapporte que la tempête a causé des destructions massives des productions agricoles et endommagé plusieurs routes, rendant difficile l’acheminement de l’aide humanitaire. Selon ses estimations, la consommation alimentaire aurait chuté de près de 20 % dans les régions les plus touchées. Certaines familles, privées de ressources, sont contraintes de vendre leurs biens essentiels pour subvenir à leurs besoins immédiats.
L’organisation indique que sur 59 communes affectées, plus d’un million de personnes souffrent actuellement de la faim, dont environ 360 000 en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Les pertes agricoles sont qualifiées de « dévastatrices » : jusqu’à 90 % des cultures auraient été détruites dans certaines zones, menaçant durablement la sécurité alimentaire des communautés rurales. La majorité d’entre elles étaient déjà classées en phase 3 ou supérieure du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).
Face à l’urgence, le PAM affirme avoir intensifié ses opérations dans les départements touchés. Près de 13 000 personnes ont déjà reçu une aide alimentaire d’urgence sous forme de rations et de distributions dans des abris communautaires. Le service aérien humanitaire a également été renforcé afin de faciliter le transport de vivres vers les zones enclavées. L’agence prévoit d’étendre ses distributions à environ 200 000 bénéficiaires pour une durée de 15 jours, avant de déployer des programmes d’aide en espèces lorsque les marchés locaux redeviendront opérationnels.
Selon la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), environ 5,7 millions d’Haïtiens sont aujourd’hui affectés par la crise alimentaire. Une situation aggravée par l’insécurité persistante, qui paralyse la circulation des biens et isole la capitale du reste du pays. Les experts préviennent que, sans rétablissement rapide de la stabilité et de la sécurité, la faim pourrait encore s’intensifier dans les prochains mois.
Mederson Alcindor


